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Le blog de Malika Sorel - Page 38

  • L’école face au défi de l’inclusion

    En décembre dernier, j’ai publié dans la revue de l’Association Française des Administrateurs de l’Éducation (A.F.A.E.) un article intitulé « L’école face au défi de l’inclusion ». J’ai reçu l’autorisation de mettre mon article en ligne, et je tiens à en remercier bien vivement l’équipe AFAE.

    En voici un extrait :

    « (…) Le premier bouleversement auquel l’école doit faire face, c’est le triomphe de l’utilitarisme et l’infantilisation des esprits qui a conduit l’individu, et par extension la cellule familiale, à s’inscrire dans une vision égocentrique, où chacun devient son propre point de départ et d’arrivée, avec pour seul mot d’ordre la rencontre du plaisir en temps réel. L’école, qui est par essence le lieu du plaisir différé, se retrouve sommée de s’adapter à cette nouvelle donne avec des retombées sur l’ensemble de la société. La tyrannie du court terme s’exerce au détriment de l’intérêt collectif du moyen et du long terme, celui auquel, justement, l’école a pour devoir de préparer et qui est au cœur de sa mission. Ce mouvement que nous observons dans toutes les démocraties, avec une amplitude plus ou moins prononcée, avait été largement anticipé par Alexis de Tocqueville (…)
    Le second bouleversement majeur, c’est l’intensification des flux migratoires de cultures non européennes, qui a placé l’école face à des difficultés inédites, auxquelles elle n’était pas préparée et dont elle continue parfois encore de nier la dimension spécifique. Tant que la communauté scolaire persistera à réduire le problème de l’échec des enfants de cultures non européennes à une simple question socio-économique, elle n’aura strictement aucune chance de le voir s’atténuer, à défaut de se résorber (…)

    La question est de savoir si l’on peut réussir l’éducation d’un enfant – “éducation” dans son acception la plus large, qui inclut l’aptitude de l’insertion future dans le monde économique et professionnel – sans le concours de sa famille. Les enseignants dont, nous le savons, les enfants sont ceux qui réussissent le mieux à l’école, connaissent parfaitement la réponse à cette interrogation : “Car – est-il besoin de le dire – l’école ne peut pas tout. Pour permettre à l’enfant d’accéder à la liberté et de s’insérer dans la société qui l’accueille, elle peut difficilement se passer du concours de la famille.[1]” Tant que cette vérité ne sera pas dite et répétée aux parents de l’immigration, tant que ceux-ci ne prendront pas conscience de la nécessité de laisser leurs enfants saisir les perches que leur tend l’école, des générations d’enfants continueront d’être sacrifiées. Il en résultera inévitablement une très grave crise du vivre ensemble, et c’est d’ailleurs déjà le cas dans certains territoires de la République. (…)

    L’école doit faire face à un public de plus en plus fragmenté, aux demandes contradictoires, dont certaines exigences l’écartent de plus en plus de sa mission de formation d’une communauté de citoyens. Son engagement à tout faire pour intéresser et impliquer ses élèves ne doit pas la conduire à créer elle-même les conditions qui rendront impossible leur insertion au sein de notre société.

    Pour éviter d’accentuer la fracture éducative, il est plus que jamais nécessaire qu’une unité des programmes et des procédures de vérification des acquis continue d’exister sur tout le territoire national. La libéralisation de notre école ne peut constituer une réponse appropriée aux défis auxquels elle est confrontée ; au contraire, elle viendra les aggraver. »

    Je vous laisse découvrir mon article.

    ____________________________

    [1] Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet, Dominique Ottavi, Les Conditions de l’éducation, Stock, 2008. ↩

    Catégories : Éducation - instruction
  • Entretien avec Atlantico

    Atlantico a publié hier matin un entretien dans lequel j’évoque la responsabilité des parents de l’immigration dans l’échec de l’insertion de leurs enfants, ainsi que le rôle, destructeur pour notre société, des associations de lutte contre le supposé racisme des Français de souche européenne.

    Il n’est pas facile de tout résumer dans un article, ni dans un billet de blog. Aussi, de nombreux points n’ont fatalement pas pu être abordés.

    Je regrette beaucoup que nombre de personnes me critiquent, ou même souvent me posent des questions sur des points précis, sans avoir manifestement jamais lu mes livres. Ils ont malgré cela des avis déjà tranchés, y compris sur ce que j’ai publié et qu’ils n’ont pas lu. Rien ne remplacera pourtant jamais les livres pour décrire et analyser en profondeur des sujets aux multiples dimensions, ou pour aborder les multiples pièces d’un puzzle comme je l’avais écrit dans mon premier ouvrage. Notre époque est, bien malheureusement, exactement telle que l’avait prophétisée Alexis de Tocqueville dans le deuxième tome de De la démocratie en Amérique.

    Catégories : Identité, Revue de presse
  • « Tu tues mes frères, je te tue »

    Le Figaro : « Le tueur au scooter Mohamed Merah, tombé sous les balles aujourd’hui à Toulouse, a filmé chacune de ses tueries à l’aide d’une caméra sanglée, a affirmé le procureur de Paris François Molins. Cette caméra, retrouvée dans un sac sur les indications du tueur, a filmé des scènes “extrêmement explicites”, a dit le magistrat qui dirige les investigations. “On le voit abattre ses victimes.” “Tu tues mes frères, je te tue”, aurait dit Mohamed Merah en commettant son premier meurtre, selon le procureur. »

    Selon le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, le meurtrier « revendique être un moudjahidine, appartenir à Al-Qaïda et avoir voulu venger les enfants palestiniens autant qu’avoir voulu s’en prendre à l’armée française. »

    Voici ce que j’écrivais dans Le puzzle de l’intégration – les pièces qui vous manquent, publié en avril 2007 :

    « Un nombre non négligeable de Français d’origine maghrébine se sentiront d’emblée plus proches de n’importe quel autre personne d’origine arabe se trouvant à l’autre bout du monde, que du Français d’origine européenne qui vit pourtant à côté de chez eux ; cela pour la simple raison qu’ils partagent un immense héritage commun. La notion de Nation arabe a un sens. Se sentir y appartenir recouvre une réalité à part entière, tout aussi respectable que celle d’appartenir à tout autre nation. C’est la raison pour laquelle les conflits qui impliquent les peuples arabes sont vécus avec autant d’intensité et d’émotion dans les banlieues françaises. »

    Et dans Immigration, intégration : le langage de vérité, publié en 2011 :

    « Dans leurs premières années, les enfants apprennent par mimétisme. Aussi, c’est au travers des gestes de la vie quotidienne que les parents transmettent l’ensemble de leurs marqueurs identitaires. Mais ce qui se révèle très grave, pour leurs enfants ainsi que pour notre société, c’est qu’ils leur transmettent également leur ressentiment personnel et leur rejet du mode de vie des Européens. La famille s’adresse à la sphère affective de l’enfant et exerce souvent sur lui des pressions morales, quand elles ne sont pas psychologiques et même physiques, tandis que l’école s’adresse à la dimension intellectuelle et rationnelle qu’elle entend développer dans le but d’amener l’enfant à devenir un adulte libre, un citoyen responsable, capable d’exercer son esprit critique. Dans des conditions d’une telle asymétrie, les enseignants ne peuvent en aucun cas faire le poids si l’État ne met pas en place toutes les mesures qui dissuaderont ces parents d’entraver le processus d’insertion de leurs enfants. Les parents de l’immigration sont centraux et non périphériques. »

    Recommandations :

    Il faut impérativement, et de toute urgence, limiter de manière drastique l’immigration.

    Extrait de Immigration, intégration : le langage de vérité : « L’arrivée continue de migrants en provenance de la terre d’origine produit un réenracinement dans les mœurs et coutumes du groupe culturel d’origine. Dans ces conditions, toute insertion devient impossible. »

    « Il faut aussi, et c’est fondamental, leur construire [aux enfants de l’immigration] des attaches affectives avec la culture française, de manière à ce qu’ils ne la rejettent pas et l’apprécient par la suite. C’est surtout au cours des premières années de l’existence que l’on construit ces attaches solides et sincères (…) C’est dès l’école maternelle que nous devons venir en aide aux élèves qui rencontrent ces problèmes identificatoires qui les conduisent à s’enfermer dans la spirale de l’échec, puis de l’exclusion. Cela requiert une véritable intensification des moyens dans les premières classes (maternelle-CP-CE1). C’est dans ces classes que la plus grande attention doit être accordée à la transmission de la langue française et du référentiel culturel de notre société (…) C’est dans les premières classes que l’effet de levier est le plus important, et c’est donc bien là que les graines de l’ouverture à d’autres possibles doivent être semées afin d’en maximiser les chances de germination. Venir s’inquiéter du sort de ces élèves à leur entrée en sixième, voire, comble du ridicule, à l’entrée des grandes écoles, dénote une insupportable ignorance de la réalité des difficultés auxquelles ces élèves doivent faire face et des défis qu’ils sont, très jeunes, amenés à affronter.

    Au collège, c’est souvent trop tard. Leur personnalité, leur vision d’eux-mêmes, leur vision des autres sont en grande partie formées et déjà figées. Les évolutions apportées à ce stade ne pourront être que dérisoires. La grande majorité ne sera en effet plus réceptive au pacte qui leur sera proposé. »

    Catégories : Identité
  • La refonte du code de la nationalité

    Au vu des promesses de respect de l’identité nationale, thème qui l’a fait élire en 2007 – et certainement pas celui du « travailler plus pour gagner plus » comme les médias se sont plu à le répéter en boucle –, on était en droit d’attendre parmi les premières réformes du Président Nicolas Sarkozy la refonte du code de la nationalité, pour donner un coup d’arrêt à la déconnexion croissante entre identité et papiers d’identité. Or le Président Nicolas Sarkozy n’a rien fait de significatif sur ce sujet, pourtant l’un des rares où il n’existe aucune possibilité pour Bruxelles de venir nous casser les pieds. Le rapport de la mission parlementaire sur la nationalité pilotée par le député Claude Goasguen a même été enterré sans autre forme de procès (juin 2011).

    Or voici qu’aujourd’hui, contre toute attente, c’est à propos des exilés fiscaux que le candidat Nicolas Sarkozy et sa porte-parole abordent la question de la nationalité : « Pour le président-candidat, il n’est pas acceptable que certains continuent de bénéficier des avantages de la nationalité française sans verser un sou au fisc. “Je souhaite que la fiscalité et la nationalité soient désormais liées”. »
    Nathalie Kosciusko-Morizet va jusqu’à suggèrer qu’ils pourraient perdre la nationalité française. Elle qui a tant de mal avec toutes les questions qui touchent de près ou de loin à l’identité nationale se sent ici bien plus à son aise : « S’il ne paie pas, [l’exilé fiscal] est poursuivi par le fisc. (…) En revanche, s’il veut échapper à la mesure, il est bien sûr libre de prendre une autre nationalité. »

    Je suis indignée par ce que je considère comme de la pure démagogie. Nous savons que les Français sont inquiets, non pas de la poignée d’exilés fiscaux dont personne ne nous donne le montant réel du manque à gagner fiscal qu’ils représentent, mais des conséquences sur la cohésion de la nation d’un code de la nationalité rendu obsolète par la mondialisation, la liberté de circulation, l’évolution des télécommunications et du coût du transport aérien, sans compter le phénomène des diasporas que j’ai déjà eu maintes fois l’occasion d’aborder. Les Français sont également inquiets de la possible implosion d’un système de protection sociale qui a fait de la France l’une des destinations privilégiées pour les pauvres de la planète. La ruée vers la France des Tunisiens qui avaient reçu un permis de séjour des autorités italiennes après avoir fui leur pays lors d’évènements récents, en avait donné une magistrale démonstration. Or, sur tous ces sujets, ainsi que sur le coût de l’immigration-intégration – le fameux tonneau des Danaïdes –, les deux partis de gouvernement ont manifestement décidé de ne rien faire, ou si peu que je ne souhaite même pas l’évoquer tant cela frise le ridicule au regard des enjeux.

    Comme beaucoup de nos concitoyens, je me sens prisonnière, privée du choix de notre destin collectif, réduite à tenter d’identifier qui sera potentiellement le moins dangereux pour notre pays selon la conséquence de ses actions sur le moyen et long terme, et non pas qui sera le plus à même de nous garantir enfin un projet de société digne de ce nom.

    Catégories : Politique