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Le blog de Malika Sorel - Page 68

  • Savoir pour prévoir, afin de pouvoir

    Je l’avais écrit dans Le puzzle de l’intégration et j’en avais reparlé sur mon blog, il était bien prévisible que l’assouplissement de la sectorisation scolaire aboutisse à faire plonger les établissements déjà en difficulté et à renforcer de ce fait la ghettoïsation.

    Extraits de l’enquête sur l’assouplissement de la carte scolaire :

    « Cependant, ce qui frappe le plus, c’est le mouvement qui affecte en cascade les établissements moyens au sens large : les “moyens-moyens”, les un peu défavorisés et les un peu favorisés. »

    « Les établissements un peu défavorisés (c’est-à-dire encore marqués par une certaine mixité sociale) ont tendance à s’homogénéiser d’une façon générale mais plus encore là où il y a une situation de concurrence potentielle. »

    « Tout se passe comme si l’assouplissement de la carte scolaire attisait le mouvement (latent ailleurs) de dégradation des établissements un peu défavorisés mais encore mixtes perdant une partie de leur population au profit d’autres, moyens ou un peu favorisés. »

    Savez-vous quelle est l’idée politique qui circule à présent à ce sujet ? Les établissements les plus difficiles, ceux dont les résultats sont catastrophiques, seraient fermés, et leur population répartie dans d’autres établissements. Car c’est bien connu, lorsqu’un pompier se trouve face à un feu, le meilleur moyen pour lui de l’éteindre est de prendre les braises et de les disséminer !

    Nous subissons désormais, dans nos vies quotidiennes, les conséquences de l’absence de savoir qui a placé la classe politique dans l’incapacité de prévoir juste et qui a conduit à une quasi-impossibilité d’agir du politique. Par ignorance, l’État s’est lui-même privé de sa capacité d’action en favorisant la montée en puissance de nouveaux acteurs qui sont loin d’être mus par le souci de l’intérêt général. Mais l’État a commis de surcroît une erreur qui pourrait s’avérer très lourde de conséquences : il a, dans le même temps, dépossédé son seul véritable allié, à savoir le peuple, de sa souveraineté. Art. 3 de notre Constitution : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » Dans les faits, le peuple a été privé de son bien le plus précieux, la capacité à décider de son propre destin, et nous pouvons malheureusement trouver bien des illustrations en ce sens dans une multitude de domaines.

    Que faire lorsque le temps s’accélère et que l’on se trouve confronté au manque abyssal d’appétence pour le savoir et la connaissance, qui conduit à traiter les symptômes plutôt que les causes profondes ? Comme l’a si justement dit Auguste Comte, il faut « savoir pour prévoir, afin de pouvoir ».

    Catégories : Éducation - instruction, Politique
  • Burqa : enfin !

    Il en aura fallu des discussions, pour arriver à ce qu’un accord se dégage autour d’une interdiction générale de la burqa sur le territoire national. Comme toujours, des querelles de pouvoir se sont produites, et elles auraient pu emporter avec elles cet impératif de traduire, dans le monde réel, ce que signifient concrètement les principes républicains.

    Pour justifier l’inaction et surtout l’impuissance du politique, nous aurons entendu tous les prétextes : elles ne sont pas si nombreuses que cela à porter la burqa ; il sera impossible de faire appliquer cette loi sur le terrain ; cette loi va stigmatiser ; la burqa, ce n’est finalement qu’un bout de tissu (je l’ai entendu de mes propres oreilles lors d’une réunion)… La France se trouve à un moment de son histoire où elle n’a nul besoin d’impuissants dans le monde politique. Loin d’être neutres, ces derniers sont bien au contraire hautement nuisibles, car ils jouent le rôle d’idiots utiles.

    Pourquoi des élus, ou encore des responsables politiques, se permettent-ils de relayer dans les médias l’idée que l’interdiction de comportements contraires à notre socle de principes aboutirait à stigmatiser ? Pourquoi et dans quel but cachent-ils la vérité ? À savoir que ce sont bien ceux qui adoptent des comportements contraires aux normes collectives françaises qui se placent délibérément en marge de notre société, et qui œuvrent à leur propre stigmatisation. Concernant l’interdiction générale de la burqa, Malek Boutih est même allé jusqu’à parler de race. Calmez-vous, Monsieur Boutih, vous semblez perdre un peu les pédales !

    Le Premier ministre a dit que le gouvernement était prêt à prendre des risques juridiques. Oui, il le faut ; et il faut également faire évoluer des lois qui ont certes contribué à émanciper à une époque, mais qui enchaînent aujourd’hui, et jouent surtout le rôle d’un nœud coulant se resserrant chaque jour davantage autour du cou de notre société.

    Abdelwahab Meddeb : « En plus, avec la burqa, nous sommes confrontés à une stratégie du grignotage. Au-delà des rares cas d’adhésion religieuse authentique, il ne faut jamais perdre de vue que des islamistes mais aussi de pieux salafistes appliquent les recommandations du Conseil européen de la fatwa. Dans cette instance, les militants sont exhortés à agir dans la légalité afin de gagner, en Europe, des parcelles de visibilité en faveur de la loi islamique. » Je vous recommande vivement la lecture de l’intégralité de l’article de Monsieur Meddeb.

    Dans le discours qu’il a prononcé hier lors de son déplacement en Seine-Saint-Denis, le Président de la République a promis que la République ne reculerait pas. Comme je l’écris dans Le puzzle de l’intégration, ce n’est pas elle qui a fauté, mais l’État, qui lui a fait perdre des territoires entiers. Les citoyens attendent désormais du pouvoir politique que la République soit de nouveau chez elle partout sur le territoire français. Il y faudra du courage, de la persévérance, et une détermination de chaque instant.

    Catégories : Insertion - intégration, Politique
  • Vers un régime autoritaire ?

    J’ai assisté aux États généraux de la violence à l’école qui se sont tenus cette semaine. Il y a avait un décalage considérable entre la salle et la tribune. Malgré les interventions très éclairées de professeurs et chefs d’établissements, aucune réflexion n’a pu s’engager autour des sources de cette violence. Il n’a en effet été question que des mesures à prendre pour aider les enseignants à faire face à la violence. À mes yeux, ces états généraux sont une véritable imposture. Ils laissent en effet à penser que le sujet est traité, alors qu’il ne l’est pas.

    La sécurité est le premier des besoins primaires. Lorsque le peuple finit par se forger la conviction que l’État n’est plus capable d’assurer la sécurité des individus, alors il est à craindre que le chaos ne survienne, suivi d’une période de sévère reprise en main qui finira par être attendue et espérée par le peuple lui-même. La France s’achemine-t-elle de nouveau vers un régime très autoritaire ? C’est une hypothèse qui ne peut plus être écartée.

    Le Parisien : « Martin, un jeune cartographe de 24 ans, a été lynché sans raison, vendredi soir, place Grenette, en plein centre-ville de Grenoble, par un groupe d’une quinzaine de jeunes. Inconscient et saignant abondamment, il a été transporté au CHU de Grenoble où il se trouvait toujours dans un état critique dimanche. »

    France 24 : « Âgés d’une vingtaine d’années, les agresseurs, qui venaient d’être expulsés du tramway dans lequel la victime et ses amis avaient pris place, ont alors attaqué verbalement puis physiquement ces derniers, arrivés à leur destination et qui tentaient de les ignorer, a-t-on ajouté de même source. La quinzaine d’agresseurs, montés dans le tramway à une station située dans les quartiers sensibles de Grenoble, étaient toujours activement recherchés dimanche. »

    Libération : « Comme à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), la semaine dernière, un groupe d’une vingtaine de jeunes armés de bâtons et de pierres ont bloqué le bus, fait descendre le chauffeur et les deux passagers, avant d’y mettre le feu. Puis, ils ont décampé avant l’arrivée de la police. La scène s’est déroulée mercredi soir, vers minuit, dans le quartier de la Grande-Borne, à Viry-Châtillon (Essonne). »

    Libération : « Une école des Clayes-sous-Bois (Yvelines) a été en partie détruite par un incendie d’origine criminelle dans la nuit de vendredi à samedi, suscitant la colère des parents d’élèves et la condamnation du ministre de l’Éducation Luc Chatel pour “cet acte inqualifiable”. […] La déléguée des parents d’élèves s’est dite “sonnée, choquée et en colère par cet acte inadmissible”. “Comment peut-on s’en prendre à une école comme celle-ci où le projet pédagogique était important ? C’est incompréhensible”, a-t-elle déclaré à l’AFP. Plus loin Dalila Bragier, la maman de la petite Inès porte une caisse de livres. Elle réagit : “C’est l’état de choc. Depuis un an on signale des incendies dans le quartier. On était attaché à cette école”. Le maire des Clayes-sous-Bois, Véronique Coté-Millard, a exprimé sa vive émotion : “On reste sans voix. L’an dernier un incendie avait détruit un bâtiment qui devait servir de centre de loisirs. S’attaquer à une école, c’est inqualifiable. Tout le monde est en émoi ici. Lundi, nous allons accueillir les parents et les élèves. Une cellule psychologique sera mise en place. Il nous faut accompagner les familles. Les 194 élèves de l’école doivent être répartis dès lundi dans les autres établissements de la commune…” »

    S’il fallait une mesure pour commencer, ce serait de couper les subventions à toutes les associations qui ont largement participé à nourrir haine et ressentiment envers la France et les Français, et qui continuent d’ailleurs à le faire. Bien sûr, il faudrait alors bien en expliquer les raisons, afin qu’il n’y ait pas d’incompréhension. Nous le voyons, il est dramatique de les avoir ainsi laissé scinder le corps social entre « victimes » et « bourreaux ». Je l’ai déjà écrit : « Notre société récolte à présent la haine que cette approche a instillée dans le cœur des populations issues de l’immigration ». J’avais également évoqué la stupéfaction et l’incompréhension de Thione Niang, Américain d’origine sénégalaise et Président des affaires internationales des jeunes démocrates américains, devant la haine envers la France que des jeunes de l’immigration avaient exprimée devant lui lorsqu’il était allé à leur rencontre.

    Il ne sert jamais à rien de nier la réalité des problèmes. Il faut, bien au contraire, les traiter dès leur apparition, surtout lorsqu’ils touchent à la cohésion nationale. Est-il encore temps d’éviter le pire ? Je n’en sais rien, car n’importe quel évènement peut désormais tout faire basculer et aboutir à ce que la situation échappe au contrôle des pouvoirs publics.

    Chaque jour me renforce dans ma conviction que ce sont bien toutes les propositions politiques du Puzzle de l’intégration qui doivent être mises en œuvre et ce, de manière urgente. Il faut tourner le dos à l’imbécillité des plans banlieues et autres politiques d’intégration qui se succèdent depuis déjà longtemps, sans fournir les résultats que les Français sont en droit d’attendre au vu des budgets engagés. (Imbécile : « qui est peu capable de raisonner, de comprendre et d’agir judicieusement »)

    J’ai écrit tout un ouvrage pour vous permettre d’approcher la complexité du problème de l’immigration-insertion-intégration. Les jeunes de l’immigration et leurs parents sont, comme le peuple français, victimes de l’aveuglement de nos élites. Mais, bien entendu, le statut de victime n’excuse rien à mes yeux. J’ai récemment participé à un débat. L’accueil de la salle a été des plus chaleureux. Parmi ceux qui sont venus discuter avec moi à la fin, et surtout me faire part de leur complète adhésion, des personnes d’origine maghrébine et africaine. Toutes ressentent la gravité de la situation à laquelle l’absence de bon sens a conduit notre société.

    En ce qui me concerne, je continuerai d’écrire et de dialoguer pour faire en sorte que ce sujet soit traité dans sa globalité, tout en veillant à ce que la France ne soit jamais brutalisée. Pour cela, il ne faut pas hésiter à recourir à de vraies sanctions contre ceux qui sèment la terreur et le chaos, mus par leur haine de la France et leur inaptitude à respecter les normes collectives de la société française. Une sanction est réputée efficace lorsqu’elle dissuade de passer à l’acte. Dans le cas contraire, elle ne l’est pas. Nous pouvons donc en déduire que celles qui sont actuellement appliquées sont totalement inefficaces.

    Catégories : Éducation - instruction, Insertion - intégration, Politique
  • Combien l’État consacre-t-il à la politique d’immigration ?

    Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne me semble pas que cette question pourtant cruciale, car elle concerne directement la capacité d’accueil, d’insertion et d’intégration de la France, ait jamais été abordée de manière totalement transparente. Pourtant, depuis trente ans, l’État français (qu’il soit incarné par la droite ou par la gauche) est accusé de ne rien faire, ou au mieux de ne pas faire suffisamment. Puisque l’État ne réagit pas aux attaques, son silence tend à accréditer cette thèse aux yeux des citoyens. Mais pour se permettre de porter une telle attaque, ses accusateurs disposent forcément de données chiffrées : il est maintenant nécessaire qu’ils les communiquent à l’opinion publique. Leur responsabilité est en effet pleinement engagée, car la haine que nous voyons se déployer contre notre société, et surtout contre ceux qui l’incarnent (policiers, gendarmes, pompiers, enseignants, médecins…), puise une partie de sa force dans ces accusations que propagent de nombreuses associations, des intellectuels, mais malheureusement aussi des femmes et des hommes politiques.

    Des études ont déjà été menées sur cette question budgétaire, et les chiffres avancés par différents chercheurs convergent dans leurs ordres de grandeur. Quels sont-ils ?

    Lorsque l’on calcule la différence entre les dépenses consenties par l’État et les recettes qu’il a récoltées au poste « immigrés et populations issues des dernières vagues d’immigration », on obtient un déficit d’environ 24 milliards d’euros par an. À ce chiffre qui constitue un perte nette, il convient d’ajouter 12 milliards d’euros par an pour la politique d’intégration, qui inclut entre autres l’éducation, le logement, la santé, la politique de la ville. Ce dernier montant constitue un investissement dont on espère qu’il produira des résultats en termes d’intégration. Au total, l’État débourse donc en moyenne 36 milliards d’euros par an pour sa politique d’immigration-insertion-intégration. D’aucuns diront que ce n’est rien ; je considère pour ma part que ce chiffre est vertigineux !

    Je suis convaincue que l’État, quelle que soit sa couleur politique, gagnerait grandement à rendre publique la réalité de l’ampleur de sa mobilisation sur cette question. Cela contribuerait à dissiper un certain nombre de malentendus, et aiderait à la construction du fameux socle de reconnaissance que j’ai souvent évoqué, et qui marque la nette différence entre les descendants de l’immigration intra-européenne et ceux de l’immigration extra-européenne. Dire la vérité diluerait grandement le poison de la haine que les accusateurs de l’État ont injectée dans le cœur des populations issues de l’immigration maghrébine et africaine.

    À ceux qui souhaitent connaître le détail des chiffres, je recommande la lecture de l’ouvrage L’immigration, ça coûte ou ça rapporte ? de l’expert international Jean-Paul Gourévitch, aux éditions Larousse. Quant à ceux qui contesteraient la réalité de ces chiffres, c’est simple, qu’ils fournissent les leurs ! Avec bien entendu, comme le font les chercheurs dignes de confiance, leur ventilation par poste et leurs méthodes de calcul.

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration