On aurait tort de s'en tenir au seul islamo-gauchisme. En effet, si seule la gauche avait laissé faire, notre société n'en serait pas là. Bien sûr, certains ont été plus actifs que d'autres, mais il n'en demeure pas moins que le refus d'agir et pire encore, le consentement à une multitude de concessions et accommodements a été le fait de beaucoup de monde sur l'échiquier politique. Dresser l'inventaire des conséquences de ces actions délétères demeure un passage obligé pour espérer pouvoir sauver notre société. Sans cet inventaire, il n'y a guère de chance pour que se produise la salutaire prise de conscience prélude au sursaut, puis au redressement national. Je crains que malheureusement, cet inventaire n'ait jamais lieu. En effet, trop d'intérêts sont en jeu. Aussi, les polémiques continueront et, une nouvelle fois, la France sera la principale victime de beaucoup de bruit pour ne surtout rien changer. Business as usual.
Aujourd'hui, le monde politico-médiatique s'excite et s'agite dans tous les sens. Le but ? Donner le sentiment au peuple déboussolé que l'ampleur du phénomène, et surtout sa gravité, n'ont été découverts qu'à cette heure. Le cynisme à l'état pur.
Le 21 avril 2014, dans un entretien au Figaro, j'évoquais les graves dysfonctionnements dans les universités. Je rappelais également que le rapport du Haut Conseil à l'Intégration dans lequel je siégeais avait, dès 2013, alerté sur les dérives communautaires qui se produisaient. Quel avait été le destin de ce rapport ? L'État avait refusé de le publier.
Que s'est-il passé à l'époque de cet entretien, c'est-à-dire quand il était encore temps d'agir avec efficacité ? À part enterrer le rapport du HCI, rien. Aucune action politique digne de ce nom n'est venue conforter le respect des principes républicains. Pire, la plupart des décisions politiques n'ont eu de cesse d'alimenter le communautarisme, de le renforcer. Force est de constater que cela continue.
Extrait de mon ouvrage Décomposition française :
“Au HCI, nous étions informés d’un grand nombre de dérives qui se produisaient dans nos universités. Le pouvoir politique et la hiérarchie universitaire ont toujours été informés de tout. (…)”
“Pour Christian Mestre, doyen de la faculté de droit de Strasbourg, « il y a trop de gens complaisants dans ce milieu, qui n’ont pas envie de faire des vagues ». Les problèmes qui se posent sur le terrain ne sont pas récents. Ils se sont aggravés au fil du temps, répandus à travers le territoire, par la faute des gouvernants, qui ont refusé de les traiter. Lors de nos travaux, au HCI, nous avons été stupéfaits de constater que ces problèmes pouvaient se poser partout, jusqu’au sein des classes préparatoires aux grandes écoles, ce qui tord le cou à la théorie de ceux qui osent encore dire à l’opinion publique que tout ne serait que conséquence de méconnaissance ou encore d’ignorance. De jeunes hommes refusent de passer l’oral avec un professeur femme, ou l’étude de la pensée de philosophes tels que Voltaire ou Thomas d’Aquin y est contestée.
En 2004, la Conférence des présidents d’université avait déjà été saisie d’un si grand nombre de problèmes qu’elle avait dû élaborer un « guide laïcité et enseignement supérieur » pour aider le personnel à faire face sur le terrain (…)
Tous les ministres de l’Enseignement supérieur qui se sont succédé depuis plus de dix ans étaient informés ou auraient dû l’être. Il suffit de retrouver leur appréciation sur ce sujet pour connaître ceux qui, avec leurs relais courtisans au sein de la structure, ont préféré adopter la stratégie du « pas de vagues » qu’évoque Christian Mestre. Ce sont nos autruches. C’est bien parce que les problèmes n’ont pas été traités au niveau politique qu’ils n’ont eu de cesse de s’amplifier sur le terrain. Dès 2004, la loi sur les signes religieux aurait dû être étendue à l’enseignement supérieur. Le climat sur les campus aurait été autre.”