Hier, à la gare de Saint-Cloud, en région parisienne, un agent effectue une annonce en direction des voyageurs: "votre attention s'il-vous-plaît. Le prochain train en direction de la Défense partira de la voie B, "B" comme Bilel. Je répète, le train pour la Défense partira de la voie "B" comme Bilel". À côté de moi, deux jeunes filles, manifestement d'origine européenne, se parlent et disent à voix basse : "tu as entendu le nom qu'il a pris comme exemple ?" Même avec le prénom que je porte, j'ai été moi-même choquée et ai pensé en mon for intérieur "voilà un nouveau signe d'un "Grand remplacement" que les "élites" nient mais que le peuple voit et entend chaque jour davantage. Je me suis demandé si en Algérie, pays où j'ai vécu 15 ans, une telle chose eut été possible et qu'un agent puisse se permettre d'annoncer au micro qu'un train partirait de la voie "B", "B" comme Barbara, par exemple. IMPOSSIBLE !
Quelques instants après, un peu plus loin sur un quai de la gare de Suresnes, nous sommes contraints d'attendre un long moment qu'un train arrive car, nous annonce-t-on, le trafic est fortement perturbé en raison d'un risque d'attentat, un paquet ayant été oublié par un passager. Cela arrive de plus en plus souvent en région parisienne où la psychose de l'attentat s'empare des services, tout objet oublié étant immédiatement perçu comme une bombe en puissance. L'enfer ! C'est cela aussi la "nouvelle France" ! Comment ne pas penser à ce que fut la France, il n'y a pas si longtemps. J'ai connu l'avant et l'après et puis attester qu'une douce France a bien existé.
Derrière mois, sur ce quai, une Africaine qui attend tout comme moi le train parle au téléphone : "Je vais aller demander MA nationalité et je vais déposer mon dossier à tel endroit car dans tel autre (elle dit les noms des lieux), c'est plus difficile d'obtenir la nationalité". Le "ma nationalité" m'a choquée. Un droit ? Un dû ? Et cette manière de faire son marché, de choisir les lieux du dépôt des demandes...Sachant que j'ai été la co-rédactrice de la Charte des droits et des devoirs du citoyen français qui nous avait permis, avec le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, de faire fondre le nombre de naturalisations, en amorçant un simple retour au respect du code civil, j'ai ressenti un fort pincement au coeur; une soudaine envie de pleurer de rage et de désespoir s'est emparée de moi. Et j'ai laissé les larmes rouler sur mes joues.
France, pourquoi tes enfants t'ont-ils abandonnée ? Jusqu'à la fin de mes jours, je te pleurerai et jamais ne me résoudrai à voir ton peuple historique, celui qui se devait de perpétuer ton héritage, se retrouver en minorité sur ta terre car bien sûr, comme je l'ai écrit dans mes livres, c'est cela qui se "joue", par la "grâce" des "élites". Il n'est nul question ici d'ethnie ou de race mais de culture, de principes et de valeurs. Il est question du fameux legs indivis dont Ernest Renan parle dans sa conférence en Sorbonne : "Qu'est-ce qu'une nation ?" :
Ernest Renan : « Une Nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise point. La Nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements (...) Une Nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une Nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie.»