Plantons d'emblée le décor : « Il faut bien que les Français aient tous en tête une chose : c'est que l'avenir du pays se joue là, dans les banlieues, parce que le taux de natalité de ces quartiers est deux fois plus élevé que sur le reste du territoire national. » (Jean-Louis Borloo. France 2, 2006). En 2017, 44 % de la hausse de la population provient des immigrés (Insee).
Selon l'Ifop, près de trois quarts des musulmans de moins de 25 ans déclarent faire passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République – alors qu'ils sont 25 % pour les 35 ans et plus. Cette régression de l'intégration culturelle jette une lumière crue sur l'incapacité croissante de l'école à assurer sa mission, dans une situation où 40 % des enseignants disent s'autocensurer pour ne pas créer de problèmes avec les élèves, et même 50 % dans les ZEP. Or, si l'assimilation se produit de moins en moins, par le simple jeu de l'arithmétique, la culture française est appelée à devenir minoritaire en France. La culture fondant l'identité, c'est la continuité historique de la France qui est en jeu.
Quel est le rôle des parents ? En 2007, Alain Bentolila pose la question de « la compatibilité culturelle entre l'école et la maison pour les enfants de migrants ». Dès 2000, des travaux de recherche concluent que des enfants de l'immigration échouent à l'école parce qu'ils sont tiraillés entre leur culture familiale et la culture enseignée à l'école, et que cela aboutit à ce que, à l'école, l'enfant finit par s'opposer à l'élève. C'est là que se trouve la clé de décryptage de la montée en puissance des attaques contre la laïcité et les enseignants. L'autonomie des établissements scolaires et la liberté pour les chefs d'établissements de choisir leurs enseignants – libéralisation voulue par le président – conduiront à terme, sans l'ombre d'un doute, au recrutement ethnoculturel puis à la ségrégation. Il faut y renoncer.
Une autre civilisation
Monsieur le Président, il ne s'agit point de « décivilisation », mais d'une autre civilisation. Les parents doivent être sensibilisés et placés face à leurs responsabilités. Les sanctionner, y compris sur le plan financier, se révélera efficace dans la prévention des récidives, car l'obligation culturelle d'obéissance des enfants envers leurs parents fait de ces derniers un talon d'Achille.
L'évocation récurrente de pages conflictuelles du passé rouvre les plaies et alimente les haines, pour finalement hypothéquer la concorde civile. Danemark, Suède, Norvège, Canada : aucun de ces pays ne possède de passé colonial. Tous sont pourtant confrontés aux mêmes problèmes. Il faut rompre avec la repentance et la culpabilité coloniale.
Comme le recommande le philosophe John Locke : « Il ne faut pas donner aux hommes l'occasion de se compter, de connaître leurs forces, de s'encourager les uns les autres, et de s'unir promptement en toutes circonstances. » Aussi, pour préserver la paix, la laïcité doit être étendue aux entreprises, à l'enseignement supérieur, aux hôpitaux… En persistant dans une immigration à haut niveau en provenance de terres engagées dans un processus de retour à la religion comme principe organisateur de la cité, l'État a considérablement fragilisé la capacité à faire nation. Réduire drastiquement l'immigration doit figurer à votre agenda.
Tant que les élèves, et leurs parents, auront sous les yeux des exemples de « réussite » facile grâce à la lucrative économie parallèle, il leur sera difficile de s'astreindre aux sacrifices que commande toute réussite scolaire. Des opérations massives de désarmement de certains territoires par nos soldats s'imposent, de même qu'un bras de fer avec les pays producteurs de drogues, et la saisie systématique des biens acquis par les dealers et leurs familles avec l'argent des trafics.
Changer de logiciel
Sans restauration de l'autorité de l'État et de sa capacité à faire respecter la France, ses lois, ses mœurs, sa civilité – pour reprendre votre expression lorsque vous évoquiez le voilement des femmes –, rien ne sera possible. Or, comment y parvenir si vous accordez une prime à ceux qui violent la loi en entrant illégalement sur le territoire national ? Renoncez à votre projet de régularisation des clandestins.
Le pillage des élites des pays du Sud est utilisé par les islamistes comme argument pour nourrir la haine contre la France et mettre de ce fait les Français en danger. De plus, vider ces pays de ceux qui représentent un espoir de développement ne peut que pousser les plus pauvres à l'exil. Cette politique qui n'a rien d'humaniste doit être abandonnée.
En dépit d'une grande proximité culturelle, seul un Italien sur trois a réussi son assimilation, selon Daniel Lefeuvre. Par quel miracle d'autres auraient-ils pu faire mieux ? Toute carte d'identité constitue un titre de propriété sur la terre et confère aussi le droit de vote. C'est cela qui, en l'absence d'une assimilation massive, a fait basculer bien des politiques dans le clientélisme qui a alimenté le communautarisme, prélude au séparatisme. L'octroi d'une identité à mauvais escient provoque des phénomènes de dissonance identitaire pourvoyeurs de grande violence, mais également générateurs du sentiment d'impunité que l'on observe à l'œuvre. Inspirez-vous du Code de la nationalité marocain ou algérien, des codes respectueux de l'âme et de l'identité de leurs peuples.
Voilà quarante ans que les gouvernants réduisent, à tort, ces problématiques à une dimension socio-économique. En 2015, chiffres de l'ONU à l'appui, Pierre-Antoine Delhommais relève que les cinq pays qui fournissent les plus gros contingents de djihadistes sont exactement ceux où la dépense publique, en proportion de la richesse nationale, est la plus élevée. Au même moment, l'Uclat (Unité de coordination de la lutte antiterroriste) publie des chiffres sans appel : 67 % des candidats au djihad sont issus des classes moyennes et 17 % de catégories socioprofessionnelles supérieures.
Ce n'est pas le moindre des paradoxes que le pays de Descartes fasse montre d'autant d'incohérence. Monsieur le Président, parce que l'on ne peut régler un problème avec le système de pensée qui l'a engendré, comme le disait Einstein, il vous faut changer de logiciel.