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Le blog de Malika Sorel - Page 109

  • La Droite décomplexée

    Faut-il se réjouir que la Droite soit aujourd’hui si décomplexée ? Cette question peut sembler curieuse, mais elle s’impose de plus en plus à moi. Je suis profondément démocrate, et je considère essentiel que de vrais courants politiques aient les moyens de coexister, car c’est la seule façon de s’assurer que la classe politique privilégie autant que possible la défense de l’intérêt général. Alors, pourquoi cette question ?

    Depuis plusieurs semaines, j’entends dans des lieux publics des réflexions que je n’avais jamais entendues avant 2007. J’entends des phrases qui laissent présager que la France va au devant de graves ennuis, car on a engagé les Français dans une voie dangereuse, celle qui exploite le côté le plus vil de l’être humain : la tentation de toujours chercher en l’autre, en celui qui est différent, un bouc émissaire et la cause de ses propres échecs ! Voici quelques-unes de ces remarques abjectes, glanées ces derniers jours au hasard de mes déplacements franciliens, qui indiquent que les voyants sont désormais allumés au rouge en France.

    Sur le quai d’une gare, un groupe de jeunes lycéens discutent, à haute voix et très détendus, comme s’ils évoquaient le dernier film vu au cinéma, sauf que là ils s’accordent pour affirmer qu’« il y en a marre des Noirs en France ».

    Dans un train de la proche banlieue parisienne, un passager monte et, après avoir jeté un regard circulaire dans la rame, s’exclame déçu : « Ah, il n’y aura encore pas de place assise pour les Blancs aujourd’hui ! » En clair, il voulait ainsi signifier que de nombreuses places étaient déjà occupées par des voyageurs à la peau foncée ou aux cheveux frisés. Cet épisode m’a douloureusement rappelé la période de la honteuse Amérique de Martin Luther King.

    Dans un point de restauration rapide où je déjeunais avec mes enfants, un groupe de jeunes, regardant la télévision, s’exclament à la vue d’une personne à l’écran semblant d’origine nord-africaine : « Le bougnoule ! ». Pour votre information, nous étions à Neuilly-sur-Seine, donc dans une ville où les gens vivent plutôt entre eux et ne se sont jamais vraiment sentis « dérangés », ni par des personnes d’origine étrangère, ni même par des Français de souche issus des classes modestes !

    Alors, que penser de tout cela ? Rien qui puisse augurer que les tensions sur le territoire national iront en s’amenuisant, et que nous saurons enfin trouver le moyen d’y construire une vie pacifiée. Le rapport de l’Institut National des Hautes Études de Sécurité (INHES), qui met en évidence la dégradation alarmante des relations police-population en Seine-Saint-Denis, nous rappelle également que le moindre incident peut déraper et embraser une partie de la France. Ce ne sont pas les lois de répression qui vont être « débattues » à l’Assemblée cet été, et qui ne remédieront en rien à l’origine de la violence, qui participeront à faire redescendre la pression, bien au contraire ! Il est bien reconnu que la prison contribue à fabriquer des individus qui, une fois libérés, deviennent encore plus violents envers la société. Nos policiers sont eux aussi victimes de cette dégradation des relations sociales. Étant en première ligne, ils encaissent et paient de leurs personnes les conséquences de choix politiques hasardeux et de propos provocants et irrespectueux, tenus pas des hommes politiques qui devraient pourtant être des exemples de comportement civique. Le civisme ne commence-t-il pas par le respect d’autrui, dans le ton employé et les termes utilisés ?

    La situation risque encore de se dégrader. En effet, les personnes d’origine étrangère repérables au « faciès » et qui souhaitaient s’intégrer, blessées par des comportements insultants comme ceux auxquels j’ai assisté, se refermeront sur elles-mêmes et se replieront encore davantage sur leur communauté d’origine ; leur intégration sera lourdement et durablement compromise. Témoignage de ce repli, la langue française est désormais presque systématiquement délaissée dans les échanges entre personnes d’origine étrangère, qui choisissent de s’isoler ainsi des Français, en parlant la langue d’un pays étranger où elles n’ont parfois jamais vécu ! En pensant exclure de leurs échanges les Français de souche, ces personnes s’excluent en réalité elles-mêmes de la société française, et en excluent leurs enfants, qui maîtrisent de moins en moins la langue française, car ils ne la pratiquent pas suffisamment. Et ce ne sont pas leurs heures de classe qui sauront combler leurs terribles lacunes ! Le fossé de connaissances entre eux et les enfants des familles françaises de souche s’accroît jour après jour. Les enseignants le constatent dans l’exercice de leur mission : un nombre non négligeable d’élèves issus de l’immigration ne comprennent même pas les énoncés des problèmes qui leur sont posés, que ce soit à l’école primaire ou au collège. Comment réussir dans ces conditions ? C’est tout simplement impossible.

    Notre classe politique dans son ensemble porte une lourde responsabilité dans la dégradation constante du climat au long de ces vingt dernières années. Il est urgent que la Gauche se reconstruise en adoptant un comportement mature et responsable et en acceptant, entre autres, la réalité de l’existence des problèmes liés à l’intégration, car c’est sans aucun doute sur ce sujet qu’elle a été déjugée par les Français. Il est tout aussi urgent que la Droite républicaine, qui a laissé une frange de la Droite triompher avec les thèmes du Front National lors de cette élection présidentielle, se reconstruise et se réapproprie ses valeurs qu’elle a laissé fouler, sans même paraître s’en inquiéter !

    La création d’un ministère de l’immigration juxtaposé à celui de l’identité nationale est une nouvelle démonstration de la forte propension d’une certaine partie de la Droite à spontanément stigmatiser ceux qui sont d’origine étrangère. Cette juxtaposition livre ces derniers à la vindicte des Français de souche, depuis longtemps en mal de repères. Il est à craindre que les propos que j’ai récemment entendus se répandent de plus en plus dans les lieux publics. Pourtant, sans esprit de responsabilité, sans sagesse, sans respect, la France ne saura jamais traiter du sujet de l’intégration de manière constructive, et surtout pérenne ; or, c’est une réelle urgence ! Je crains que le peuple français ne récolte un jour que douleur et honte d’avoir ainsi laissé faire.

    Non, ce n’est décidément pas une bonne nouvelle pour les Français que la Droite soit aujourd’hui si décomplexée, car cela démontre, comme le clame haut et fort Jean-Marie Le Pen, que c’est bien le « fond de commerce » du Front National qui est le grand vainqueur de cette élection présidentielle !

    Catégories : Insertion - intégration
  • On en parle dans Marianne...

    Après le quotidien le Figaro qui a annoncé récemment la sortie du livre Le puzzle de l’intégration, l’hebdomadaire Marianne actuellement en kiosque (n°527 du 26 mai au 1er juin 2007) lui consacre une pleine page. L’article d’Alain Léauthier dans Marianne décrit bien la manière dont j’aborde quelques-uns des thèmes liés à l’intégration. Il évoque la discrimination positive ainsi que le code de la nationalité. Cependant, il ne cite pas un sujet qui est longuement développé dans mon livre, et que j’estime essentiel : il s’agit du rôle que l’on doit permettre à l’école républicaine de jouer auprès des enfants issus de l’immigration, pour leur transmettre les enseignements culturels et les règles du « bien vivre ensemble » propres à la société française, et qu’ils ne trouvent quasiment jamais dans leur environnement familial. Or, ce sont ces lacunes qui vont petit à petit les handicaper dans leur processus d’insertion sociale, certains d’entre eux finissant tout simplement par en être exclus. Ces apprentissages seront d’autant plus bénéfiques aux enfants, qu’ils auront pu y accéder dès la maternelle.

    Catégories : Revue de presse
  • La CNIL dit à nouveau «NON» au comptage ethnique

    Après avoir conduit une soixantaine d’auditions de mouvements associatifs, de chefs d’entreprise, de chercheurs, d’organisations syndicales, de représentants des religions…, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) vient de réitérer son opposition au comptage ethnique dans notre pays. La CNIL est composée de 17 membres : 4 parlementaires, 2 membres du Conseil économique et social, 2 conseillers d’État, 2 conseillers à la Cour de cassation, 2 conseillers à la Cour des comptes, 5 personnalités qualifiées (1 désignée par le Président de l’Assemblée nationale, 1 par le Président du Sénat, 3 par le conseil des ministres).

    Depuis plusieurs années, des personnalités politiques aussi bien que des associations réclament que la France rompe avec sa tradition de non-référencement des citoyens selon leur ascendance ethnique ou raciale. Ce référencement est utilisé dans certaines sociétés anglo-saxonnes, qui affichent pourtant, faut-il le rappeler, un échec patent sur la question de l’intégration. Interrogeons-nous donc : pourquoi ce référencement devriendrait-il alors porteur de solution politique aux problèmes de l’intégration dans notre pays ?

    En France, la raison qu’avancent fréquemment les promoteurs du comptage ethnique est qu’il serait impossible de mesurer l’efficacité des mesures politiques mises en œuvre par l’État sans de tels étiquetages. Or, cette approche est le plus souvent purement tacticienne, et vise en réalité à ce que soient jetés de manière officielle les premiers jalons de la communautarisation de la France, prélude à la demande d’actions correctives au profit des membres des minorités, dont la discrimination positive est la meilleure illustration. Les Français étant très attachés au traitement égalitaire des citoyens, la technique consiste à présent à ne plus les affronter de face, mais bien à contourner leur opposition à l’instauration de mesures de faveur destinées à des minorités ethniques ou raciales qui s’estimeraient lésées.

    Dès 2004, Claude Bébéar, Président de l’Institut Montaigne, avait remis au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin un rapport intitulé « Des entreprises aux couleurs de la France » où l’on trouvait la justification de l’utilité supposée de la mise en place d’outils statistiques (traduire le catalogage des citoyens français selon leurs origines ethniques ou raciales).

    Jusqu’à présent, de nombreuses personnalités politiques, mais également la CNIL, l’INED ou des associations (dont SOS Racisme), ont veillé à ce que ces fichages ne soient pas pratiqués. SOS Racisme affirme : « Nous refusons d’apporter des solutions faciles et discriminantes comme la discrimination positive ou le comptage ethnique. Car sous couvert de vouloir lutter contre les discriminations, en réalité ces mesures stigmatisent et enferment les individus dans des catégories ethniques qui ne peuvent pas avoir de sens dans un pays aussi métissé que le nôtre ». Combien de temps ces bonnes volontés républicaines tiendront-elles encore face aux assauts répétés et incessants des partisans de la subdivision de la France en communautés ? Cela dépendra éminemment du niveau de vigilance des Français, qui devront prendre conscience que ces mesures équivalent à un ver qui serait introduit dans le fruit. L’avis de la CNIL n’a pas force de loi ; nos gouvernants peuvent parfaitement décider de ne pas en tenir compte. Il faudra donc lutter, à tous les niveaux, contre cette tentation qui anime certains lobbies et responsables politiques, influencés en cela par certaines associations, dont le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), qui ne perçoivent pas toujours le danger de tels fichages. La lutte contre la communautarisation de la France passe inévitablement par la mise en échec des mesures de comptage ethnique.

    Autre interrogation : quel traitement réservera-t-on à tous ceux qui, issus des dernières vagues d’immigration, se sont parfaitement intégrés et ne tiennent pas à ce qu’on les renvoie vers une autre communauté que la communauté nationale française ? Si les fichages ethniques, préludes à l’instauration de la discrimination positive, deviennent effectifs, se revendiqueront-ils néanmoins, comme c’est le cas aux États-Unis, de leur communauté d’origine, pour épargner à leurs enfants et à eux-mêmes les contraintes auxquelles sont soumis les autres citoyens français ? Demandera-t-on à chacun d’entre eux leur avis sur une question si lourde de conséquences ? N’est-ce pas là un formidable gâchis de l’intégration, que de pousser ceux qui sont déjà intégrés à ne plus l’être ? En clair, ces personnes, qui étaient et se sentaient déjà françaises, redeviendront des Français d’origine maghrébine, africaine, etc, puisque les employeurs devront bien afficher leur quota de « minorités visibles » afin de ne pas encourir le risque d’être accusées de pratiques discriminatoires. Les directeurs des ressources humaines, assistés de leurs juristes, qui auront la responsabilité d’afficher la composition de leurs effectifs, sauront bien se rappeler qui, parmi leurs salariés, avait un ancêtre maghrébin, africain…, même après plusieurs générations. Ainsi, ces Français demeureront des Français d’origine étrangère et ne deviendront jamais des Français tout court, c’est-à-dire, ne nous voilons pas la face, de « vrais Français » !

    Certes, des discriminations existent, mais l’obsession actuelle, qui vise à les imputer toutes à des considérations raciales, incitent ceux qui s’estiment lésés pour quelque raison que ce soit à en rechercher la cause dans leur origine ethnique ou raciale. Pour les mêmes effets, un Français d’ascendance européenne aurait tendance à en rechercher les raisons dans la qualité de son CV (pour un refus de recrutement), ou dans la sécurité financière qu’il présente (pour la location ou l’achat d’un bien immobilier). Certains employeurs signalent d’ores et déjà qu’ils n’osent plus parler ouvertement de leurs aptitudes professionnelles à leurs employés d’ascendance maghrébine ou africaine, de peur d’être taxés racistes ! Gageons que ces crispations engendrées dans le monde économique contribueront à ce que les employeurs hésitent à recruter des personnes d’origine maghrébine ou africaine, avec lesquelles ils ne peuvent plus désormais disposer de la qualité de communication indispensable au bon fonctionnement d’une équipe.

    Ériger spontanément en victimes de discriminations les membres des populations d’origine immigrée qui rencontrent des problèmes d’insertion économique ou d’intégration à la communauté nationale est par ailleurs contre-productif, car cela les enferme inéluctablement dans un état de déresponsabilisation qui les empêche de prendre en main leur destin pour devenir moteurs de leur insertion et de leur intégration. Ainsi, occulter aux enfants de l’immigration qu’ils ont un rôle actif à jouer et des perches à saisir, c’est ruiner définitivement leurs chance de s’intégrer.

    La France est aujourd’hui entrée dans une zone de très fortes turbulences, où se trouvent menacés des éléments du socle qui assure sa stabilité, son indivisibilité, et par extension sa paix civile. Il est nécessaire que tous ceux qui attachent un prix à la paix civile demeurent vigilants, afin d’éviter que des mesures politiques lourdes de conséquences pour la quiétude de notre pays ne soient mises en œuvre. Le règlement des difficultés liées à l’intégration est un traitement de longue haleine. Il devra passer par la prise de conscience que l’école républicaine doit jouer un rôle central auprès des enfants qui ne disposent pas, au sein de leur environnement familial, des facilités qui leur permettraient de se développer harmonieusement en vue de réussir à s’insérer dans la société française. Cela passera obligatoirement par la prise de conscience que leurs parents doivent assumer leur responsabilité éducative auprès de leurs enfants, avec pour objectif de les rendre réceptifs aux enseignements transmis par leurs enseignants ; cela est très loin d’être acquis, et c’est là l’une des sources majeures des difficultés que doivent malheureusement affronter les enfants issus de l’immigration, qu’ils soient de première, deuxième ou troisième génération.

    Catégories : Discrimination positive, Éducation - instruction
  • Le livre est enfin disponible en librairie !

    Je suis heureuse de vous annoncer que le livre Le puzzle de l’intégration est enfin rendu accessible au grand public. Je vous en souhaite bonne lecture !

    Je tiens simplement à préciser que l’intégration est un sujet extrêmement délicat. Il ne saurait être traité dans un climat de tension exacerbée, comme c’est le cas actuellement avec son instrumentalisation au travers de la proposition de création d’un « ministère de l’identité nationale et de l’immigration ». Ces prises de positions ont une visée à court terme, mais auront des retombées désastreuses sur la capacité de la société française à construire un jour une voie qui permette à tous les habitants de la France d’apprendre à cohabiter dans le respect mutuel. Cette approche stigmatisante coupe la France en deux, et participe à dresser les Français de souche contre ceux qui sont issus de l’immigration, et réciproquement. Elle blesse profondément, et isole, même ceux qui étaient déjà intégrés. Or, la France a plus que jamais besoin de sérénité, afin d’être en mesure de relever les innombrables défis qui se posent à elle, dont celui de l’intégration, qui est capital pour la cohésion de la Nation France.

    Aujourd’hui, je crains qu’une fois encore, ce sujet à l’urgence criante risque de ne pas rencontrer les conditions indispensables à son traitement ; car il exige respect, sérénité, sens de le mesure et esprit de responsabilité. Il appartient à tous les Français de participer à « calmer » les esprits, afin que les conditions du débat soient réunies et que nous sachions assumer notre responsabilité de léguer à nos descendants une France unie et pacifiée.