Victor Hugo, dans Les Misérables : « Les peuples comme les astres ont le droit d’éclipse. Et tout est bien, pourvu que la lumière revienne et que l’éclipse ne dégénère pas en nuit ». L’avenir répondra à cette question qui se pose désormais pour le peuple français.
Il y a dans le choix du peuple – ou des peuples ? – français la marque d’une insoutenable légèreté de l’être. Pourquoi écrire peuples au pluriel ? Les drapeaux étrangers que l’on a vu fleurir et se disséminer dans de nombreuses villes de France donnent le ton, ou la couleur, à tous les sourds et les aveugles. Mais la palme de la légèreté et de l’irresponsabilité revient à ceux qui se disent attachés à la patrie et qui choisissent dans le même temps, en toute connaissance de cause, par un vote blanc ou nul dont l’usage en l’état actuel de la législation laisse pantois, de participer à pousser la France dans la gueule du loup : « (...) les électeurs qui ont voté sans exprimer de choix sont au moins 2,13 millions, un record de votes blancs ou nuls. » Je ne leur trouverai jamais aucune circonstance atténuante. Il n’y en a pas à mes yeux. Je connais trop bien la situation pour savoir que nous étions à un point de non retour et qu’aucun risque ne devait être pris.
Tout espoir de voir la mère des réformes conduite tant qu’il était encore temps est aujourd’hui anéanti. Cette réforme mère, c’est celle du code de la nationalité. C’est d’elle que le destin de la nation dépend. Tout le reste n’est qu’accessoire pour la nation, y compris la question économique et celle de la solidarité, qui sont d’ailleurs étroitement corrélées à celle de la survivance ou de la destruction de la nation. Aucune citoyenneté réelle ne pourra perdurer en l’absence d’une communauté de principes et de valeurs.
Je voudrais partager avec vous cette réflexion avisée sur le syndrôme de la grenouille de l’écrivain Olivier Clerc :
« Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continu de nager. La température continue de grimper. L’eau est maintenant chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant.
L’eau est cette fois vraiment chaude ; la grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température continue de monter, jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir.
Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50 degrés, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.
Cette expérience montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart de temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte. »
J’ai beaucoup de cordes à mon arc, mais j’avoue n’en posséder aucune en ce qui concerne les batraciens.
Ce blog avait pris son envol avec L’étrange défaite de Marc Bloch. Avec mes écrits, mes ouvrages, j’aurai tenté, malgré les innombrables obstacles, et avec si peu de succès, d’aider mes concitoyens à penser notre époque et ses terribles enjeux.
Mon blog suspend aujourd’hui son vol. Je ne sais pas moi-même s’il reprendra un jour. Son contenu devrait demeurer accessible. Les commentaires resteront ouverts jusqu’à la fin de cette semaine, puis ils seront fermés. Mes livres resteront à la disposition de tous ceux qui éprouvent le besoin d’entamer une réflexion de fond.
Bonne chance à mes lecteurs et surtout à la France, pour laquelle j’éprouve une grande peine et une infinie inquiétude !