Retrouvez mon édito dans le Valeurs actuelles de cette semaine.
Le soulèvement en Iran contre le port du voile islamique doit servir de leçon de morale aux Occidentaux.
Sur France Culture, il y a quelques années, l’écrivain Tahar Ben Jelloun soulignait que « le corps de la femme est le principal objet de fixation chez certains musulmans, qu’ils soient chiites ou sunnites » et que « c’est pour cela qu’on cherche à ce que le corps des femmes ne s’exprime pas, qu’il ne se dévoile pas, qu’il ne soit pas libre. Alors, on le cache ». Et dans le Monde, en 2009, l’islamologue Abdelwahab Meddeb désignait le hijab comme « une atteinte au principe de l'égalité et de la dignité partagées entre les sexes ». Qui peut croire que la gauche – mais pas seulement elle – ignore la véritable signification du voilement des femmes, allant jusqu’à le soutenir ?
Voilà des décennies que le port du voile est présenté comme une manifestation du respect du principe de base des démocraties occidentales, à savoir la liberté. La France n’est pas une exception. Europe, Canada, Océanie : partout où l’intégration culturelle d’une immigration massive est à la peine, les voiles se multiplient. Pour ses campagnes sur l’éducation et l’emploi, l’Union Européenne va jusqu’à présenter l’avenir de l’Europe sous les traits de jeunes femmes et d’une fillette voilées.
En Australie, dans l’enceinte même du Sénat, le voile se trouve promu par une sénatrice revêtue d’un hijab qui appelle les jeunes filles qui font le choix de se cacher (c’est le sens du mot “hijab”) à le faire fièrement. On se souvient aussi de la Première ministre de gauche de Nouvelle-Zélande, qui, à la suite d’un attentat contre des mosquées, s’était voilée en signe de solidarité, invitant ses concitoyennes à faire de même – ce qu’elles firent avec grand entrain. Partout en Occident, Jacinda Ardern fut fêtée et érigée en modèle, le magazine Elle la décrivant comme « une vierge de douleur au message de paix universel ».
Ce sont les Occidentaux qui, par leurs comportements et prises de position, ont entériné le fait qu’une musulmane ne pouvait être que voilée, y compris en terre occidentale ! Que disent aujourd’hui toutes ces belles âmes, quand des Iraniennes paient de leur vie le fait de braver l’interdiction de sortir cheveux au vent ? Quel grand écart que de soutenir le désir d’émancipation des Iraniennes et, dans le même temps, l’invisibilisation des femmes. Que de mauvaise foi !
En vérité, c’est l’intérêt personnel et non la compassion ou quelque grandeur d’âme qui, le plus souvent, guide les bataillons de “progressistes” occidentaux. Une part du monde politique est mue par un électoralisme devenu difficilement contournable du fait de l’évolution de la démographie électorale, qui ne s’est pas toujours accompagnée d’une adoption des mœurs du pays d’accueil. Le monde du business épouse la mutation des modes de consommation. Quant au commun des mortels, par faiblesse morale ou désir égoïste de jouir en paix du temps présent, il se soumet au diktat du camp dit du “bien”. La voie ? Faire tomber le masque du cynisme et déchirer le voile de l’hypocrisie en Occident.