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intégration - Page 12

  • Liberté, Égalité, Fraternité : oui, mais lesquelles ?

    Suite au commentaire de Stéphane : concernant le yacht, la dernière fois que j’ai pris le bateau, c’était il y a quelques années. J’ai eu un sacré mal de mer. Je ne sais pas si je retenterai l’expérience de sitôt ! Plaisanterie mise à part, voici en guise de réponse un extrait de l’entretien que j’avais accordé à Jeune Afrique :

    « Parce qu’elle met en garde contre les dangers des mesures qui menacent la cohésion sociale, Malika Sorel est souvent sollicitée pour un engagement politique qu’elle a jusqu’à présent repoussé. “Je voudrais éviter d’être instrumentalisée, comme c’est actuellement la mode à Paris. Je n’ai aucune ambition personnelle, je souhaite simplement servir l’intérêt général, […] en travaillant avec des personnalités qui m’apparaîtront en mesure de pacifier les relations entre les uns et les autres. »

    Le commentaire que vous évoquez, cher Stéphane, est très intéressant. Il va dans le même sens que des publications de mouvements communautaristes, qui montrent qu’une proportion non négligeable de migrants des dernières vagues ne sont habités d’aucune volonté d’appartenir à une autre communauté que celle de leurs ancêtres biologiques. C’est leur droit le plus absolu, mais c’est là que nous constatons combien le droit du sol est fâcheux, pour ne pas dire davantage. Votre commentaire rejoint également les articles de la presse anglo-saxonne auxquels Raph faisait allusion dans un précédent commentaire. Tout cela ne fait que mettre davantage en lumière la justesse des analyses de mon livre. Croyez-moi, je le dis dénuée de tout sentiment de fierté, mais plutôt habitée d’une grande tristesse teintée d’inquiétude car j’aurais préféré, pour la France, qu’il en fût autrement.

    Les Français avaient déjà, depuis fort longtemps, l’intuition que l’intégration avait bel et bien échoué pour un très grand nombre d’enfants issus de l’immigration. Même en naissant sur le sol français, et n’ayant parfois jamais connu d’autre société que la société française, ces derniers se vivent et se pensent en effet comme membres de la communauté d’origine de leurs ascendants, et nullement comme membres de la communauté française, et soucieux à ce titre du destin de la France. Éduqués dans des environnements familiaux au fonctionnement tribal qui n’attachent quasiment aucune importance à la liberté de l’individu, ils apprennent, dès le plus jeune âge, à considérer que tous ceux qui sont nés au sein de leur tribu (« droit du sang »), non seulement leur appartiennent, mais ne peuvent, de ce fait, que s’inscrire dans une logique d’opposition à tous ceux qui ne sont pas estampillés membres de la même tribu. La Liberté, telle que les Européens la conçoivent depuis maintenant plusieurs siècles, n’a guère de sens pour eux. Dans ces communautés, l’identité n’est pas dynamique ; elle est figée… avec les conséquences que l’on sait.

    En janvier dernier, en plein débat sur la possibilité d’élire un président Noir aux États-Unis, il fut rappelé que Bill Clinton avait été qualifié il y a quelques années, pour les actions qu’il avait menées en faveur des Noirs, de « premier président Noir ». Ce à quoi Barack Obama rétorqua : “I would have to investigate more Bill’s dancing abilities and some of this other stuff before I accurately judged whether he was, in fact, a brother.” Barack Obama, qui aspire à diriger les États-Unis, sous-entendait, avec sa métaphore, qu’un Noir était nécessairement son frère, tandis que ce n’était pas le cas de tous les Blancs. Imaginez le tollé si Hillary Clinton ou John Mc Cain avaient osé évoquer une fraternité Blanche… Barack Obama fut notamment formé par le pasteur Jeremiah Wright qui, bien qu’Américain, préfèrerait entendre dire « que Dieu maudisse l’Amérique » plutôt que « Dieu bénisse l’Amérique ». Une majorité de Noirs américains refusent qu’on les qualifie d’Américains, et préfèrent la dénomination « African-Américan »…

    Je l’ai écrit dans « Le puzzle de l’intégration » : la Fraternité, au sens où l’entendent les peuples européens, n’est pas du tout universelle. Barack Obama l’illustre en substance. De même, les valeurs « Liberté » et « Égalité » de la devise républicaine ne revêtent absolument pas la même signification pour tous les peuples. C’est la raison pour laquelle il faut veiller à ne jamais accorder, à ceux qui n’ont pas été éduqués dans un univers familial imprégné de ces valeurs si chères au peuple français, quelque intérêt que ce soit à se replier encore davantage sur leurs « tribus ». Si cette monumentale erreur était commise et que notre société se retrouvait officiellement clivée par la reconnaissance de la « diversité », alors il n’y aurait plus aucun espoir que les enfants issus de l’immigration s’imprègnent un jour des valeurs fondamentales de la société française. Quid alors de la paix civile ?

    Le cas des États-Unis est un remarquable exemple de modèle à fuir. Bien que Noirs et Blancs y partagent de nombreuses valeurs fondamentales, basées sur une même culture (ce qui participe à les protéger d’affrontements intercommunautaires), ils ne parviennent toujours pas à se penser autrement qu’en Noirs et Blancs. Quoi de plus normal, puisque ce n’est que la conséquence du clivage entretenu par la discrimination positive (rebaptisée en France « respect de la diversité »). Ces dernières semaines, nos journaux ont largement évoqué l’apparition de la question raciale dans la campagne présidentielle américaine ; mais à ma connaissance, aucun journaliste n’a tenté de pousser l’analyse sur ce point. Pire, certains, dans un même papier, dénonçaient le clivage de la société américaine tout en appelant notre classe politique à tenir compte de l’origine ethnique ou raciale dans la composition des équipes. Cela n’aura pas échappé au Président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé, qui souhaite profiter de sa tentative de sauvetage du rapport Attali pour y ajouter en prime la question de la diversité. En effet, dans la liste des inepties du rapport Attali, il manquait bien celle-là !!!

    Nous vivons une époque paradoxale, où les savoirs sont largement répandus dans les sociétés dites « développées », et où pourtant la misère est immense dans de nombreux domaines sur le plan de la cohérence des idées.

    Catégories : Discrimination positive, Insertion - intégration
  • Quand l’État perd la raison

    Extrait du Puzzle de l’intégration : « Le même phénomène se produit en France depuis plusieurs années. Plusieurs centaines de milliers d’emplois ne trouvent pas preneur, en majorité dans le bâtiment, la restauration et l’hôtellerie. Dans le même temps pointent au chômage des centaines de milliers de jeunes sans qualification, qui pourraient aisément être formés pour répondre à ces besoins. »

    Dépêche Reuters du 25 février 2008 : « Signature d’un accord d’immigration entre Paris et Dakar : Concernant l’immigration professionnelle, l’avenant ouvre le marché du travail français aux ressortissants sénégalais dans 108 métiers, qualifiés et non-qualifiés, correspondant à des secteurs divers de l’économie et dont la liste a été établie en tenant compte à la fois des besoins de main d’œuvre de l’économie française et des souhaits exprimés par le Sénégal. »

    Comment peut-on très régulièrement rappeler à tous les Français que le chômage est massif parmi la population issue de l’immigration maghrébine et africaine, et oser dans le même temps signer de tels accords, qui organisent de nouveaux flux migratoires dont une partie concurrencera les chômeurs présents sur le territoire français ? Peut-on se résoudre à l’idée que l’État serait incapable de trouver des solutions pour que les emplois actuellement vacants permettent aux innombrables chômeurs de s’insérer dans le tissu économique ?

    Comment ne pas s’inquiéter de la signature de tels accords, lorsqu’on sait qu’ils amèneront de nouvelles familles qui à leur tour connaîtront les mêmes problèmes d’intégration, qui viendront amplifier ceux auxquels nous peinons déjà à faire face ? Car ce sera le cas, à n’en point douter ! Pourquoi l’État ne parvient-il toujours pas à comprendre que la résolution préalable des problèmes de l’immigration-insertion-intégration constitue l’urgence absolue de la France, et représente dans le même temps une obligation morale vis-à-vis des enfants issus de l’immigration ?

    Non seulement l’État perd la raison, mais je crains qu’il ne soit guère en voie de se ressaisir ni s’assagir, puisque qu’il affirme, par la bouche de Brice Hortefeux, que l’accord signé avec Dakar est « transparent et concerté et qu’il prend en compte les intérêts du Sénégal et de la France. » Quels intérêts de la France ?

    Une autre mesure particulièrement choquante est celle qui encourage la transgression des lois existantes. Ainsi pouvait-on lire dans le Monde du 8 janvier dernier : « Un employeur de “bonne foi”, ayant fait travailler un sans-papiers à son insu, pourra désormais se tourner vers la préfecture pour demander sa régularisation. Il devrait pouvoir compter sur la “bienveillance” des services préfectoraux. Dans une circulaire qui leur a été adressée lundi 7 janvier, et dont Le Monde a obtenu une copie, le ministère de l’immigration demande aux employeurs d’étudier “avec une particulière diligence” les dossiers qu’ils porteront eux-mêmes. »

    Pour l’avoir vécue moi-même, pour l’avoir vue vivre autour de moi, je sais combien la question de l’immigration est porteuse de très grandes souffrances humaines. Et c’est justement la raison pour laquelle il est essentiel que l’État rompe avec le manque de cohérence qu’il promène depuis trente ans ; qui s’amplifie à présent ; et qui a, pas à pas, mené la France vers une sérieuse menace d’implosion.

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration
  • On en parle dans l’Expansion

    Dans le numéro 727 de L’Expansion actuellement en kiosque (février 2008), sous le titre « Le prix de l’intégration », Bernard Poulet, Rédacteur en chef à l’Expansion, consacre un article au Puzzle de l’intégration qu’il qualifie de « livre important sur l’immigration ». Je vous en livre quelques lignes :

    « Le puzzle de l’intégration est un livre qui dérange. Mais c’est un ouvrage essentiel, que l’on soit d’accord avec lui ou pas […] Malika Sorel explique, au rebours des discours angéliques, que le chemin vers l’entrée dans la nationalité d’un autre pays est difficile, et bien souvent douloureux. Elle démonte la plupart des idées reçues, et beaucoup d’intentions plus ou moins bonnes […] Après les émeutes des banlieues, ce livre est devenu indispensable. »

    Vous pouvez retrouver ici l’intégralité de l’article.

    Catégories : Revue de presse
  • Le « plan banlieue » de Fadela Amara : affligeant !

    L’annonce du « plan banlieue » a été précédée d’une véritable attaque en règle de la part de membres du gouvernement. Sincèrement, fallait-il attendre un miracle de la part de Fadela Amara, secrétaire d’État qui n’a été choisie qu’au vu de son origine ethnique et qui, dès sa nomination, s’est empressée d’ouvrir un blog pour y recueillir, de la part de la population des quartiers dits « sensibles », des idées pour alimenter sa réflexion ?

    Il est consternant de constater que notre équipe dirigeante, élue après avoir « vendu » au peuple qu’elle détenait les meilleures réponses aux grandes questions qui le tourmentaient, s’est empressée, dès sa prise de pouvoir, de créer des commissions à tours de bras et de confier des missions tous azimuts dans le but de savoir ce qu’il convenait de faire. Si je me permets d’aborder cette question éminemment politique, c’est que cette attitude contribue à alimenter le sentiment de défiance, déjà très important, du peuple français envers sa classe politique qui, depuis trop longtemps à présent, lui donne l’impression de jouer de sa naïveté ou de sa crédulité. Contrairement aux apparences, le peuple français a le sang extrêmement chaud, et le cocktail problèmes économiques/problèmes identitaires est véritablement des plus explosifs.

    Toutes les dimensions du problème de l’insertion des populations issues des dernières vagues d’immigration dans la société française, doivent être traitées simultanément. S’évertuer, depuis déjà 30 ans, à rejouer au peuple français le disque rayé de la ségrégation territoriale, de la hauteur des tours, du taux de chômage, de la discrimination dûe au supposé racisme des Français de souche européenne…, pour expliquer l’échec de l’insertion, sans même parler de celui de l’intégration, des populations issues de l’immigration maghrébine et africaine, est une entreprise des plus irresponsables qui soit.

    Fadela Amara aura beau obtenir des milliards d’euros à destination des quartiers sensibles, ce sera autant d’argent jeté par les fenêtres. Depuis 1977, tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, se sont évertués à monter plan de sauvetage sur plan de sauvetage. Ils ont tous espéré que les milliards injectés résoudraient définitivement la crise. Le résultat est là sous leurs yeux, et le plus sidérant est qu’ils persévèrent dans leurs erreurs. Notre classe politique vit en réalité totalement déconnectée du terrain. C’est pour moi la raison principale de son aveuglement et de son incompétence sur ce sujet. Le summum vient d’être atteint par un Jacques Attali qui préconise la relance de l’immigration, alors que la France risque à tout moment d’imploser à cause de l’échec de l’intégration. La commission Attali a-t-elle été rémunérée avec l’argent du contribuable pour nous sortir l’ânerie du siècle, à savoir que l’immigration engendrerait de la croissance en France ? La France a-t-elle si peu d’enfants méritants que l’on soit allé quémander les conseils du sherpa de François Mitterrand, qui porte une lourde responsabilité dans l’état actuel de notre pays ?

    Le jour où l’on osera enfin décrypter les raisons pour lesquelles les enfants des quartiers sensibles refusent l’enseignement dispensé par leurs maîtres et maîtresses ;

    le jour où l’on commencera à analyser les conséquences de l’image négative renvoyée aux entreprises par les populations issues de l’immigration ;

    le jour où l’on osera enfin accepter de regarder en face la source de la violence des voyous des quartiers sensibles envers les forces de l’ordre, les pompiers, le corps enseignant, le corps médical…

    le jour où l’on acceptera de décorréler la question de l’insertion (non négociable et obligatoire pour tous) de celle de l’intégration (facultative et personnelle) ;

    le jour où nos dirigeants politiques cesseront d’envoyer, comme le fait Nicolas Sarkozy, le signal que les principes républicains peuvent être adaptés pour convenir à ceux qui refusent de les respecter…

    ce jour-là, nous aurons alors simplement commencé à aborder sérieusement le problème de l’immigration-insertion-intégration.

    Nicolas Sarkozy commet une lourde erreur, car les Français sont majoritairement attachés aux principes qui fondent leur société, et entrent de ce fait dans la composition de leur noyau identitaire. Or, fissurer un noyau peut engendrer la libération d’une énergie incontrôlable ! Espérons donc que Nicolas Sarkozy croisera, sur son chemin de la fission du noyau identitaire du peuple français, des hommes et des femmes qui trouveront moyen de le raisonner, ou à défaut de mettre en échec sa folle entreprise !

    Pour finir, je vous propose de substituer au plan banlieue de Mme Amara le contenu du Puzzle de l’intégration, à mon sens la seule voie qui permettra à notre pays de résoudre le problème des banlieues. Je vous livre ici ce qu’a ressenti le directeur d’une très grande librairie à la lecture de mon livre : « cela prendra le temps qu’il faudra, mais je suis profondément convaincu qu’il y aura un avant et un après “Le puzzle de l’intégration”. »

    Catégories : Insertion - intégration, Politique