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intégration - Page 16

  • Brice Hortefeux : Attention aux errements !

    Brice Hortefeux était l’invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI le 1er juillet. Il a insisté sur la nécessité de « défendre la culture de l’héritage français en ayant à cœur de préserver la cohésion de la communauté nationale ». Je partage entièrement ce point de vue.

    Parmi les objectifs qu’il se fixait, il a notamment évoqué « remettre à l’honneur les valeurs de la République », ainsi que « mettre fin à des décennies d’autodénigrement et d’auto-flagellation ».

    J’espère que Brice Hortefeux saura atteindre ces deux objectifs et qu’il réussira son action pédagogique, en commençant par convaincre les membres du gouvernement auquel il appartient de cesser de donner le mauvais exemple en la matière. Ainsi, il serait utile qu’il obtienne de Rama Yade, Rachida Dati et Fadela Amara qu’elles abandonnent leur rhétorique favorite, qui est que si les enfants de l’immigration ne réussissent pas, c’est en grande partie la faute de la France et des Français. Il serait intéressant aussi qu’il nous démontre sa réelle volonté de tourner le dos à l’idéologie victimaire, en empêchant Rachida Dati de créer des pôles anti-discrimination au sein des parquets de France, comme elle l’envisage.

    Pour Brice Hortefeux, le co-développement doit s’appuyer sur les immigrés déjà présents sur le territoire national. C’est pourquoi l’envoi de contributions financières vers leurs pays d’origine est fiscalement encouragé (loi Sarkozy votée au printemps 2006). Or, comme je l’explique dans Le puzzle de l’intégration, autant l’aide d’État à État est louable, autant l’aide directe des immigrés à leur pays d’origine est hautement nuisible au processus d’insertion, car elle se fait au détriment de l’argent qu’ils consacrent à l’éducation de leurs enfants présents sur le territoire français. Il ne faut donc pas s’étonner que le fossé entre ces enfants et ceux des Français de souche s’accroisse chaque jour davantage, avec les conséquences dramatiques que nous avons à subir. Cette politique est donc une erreur lourde de conséquences, aussi bien pour les enfants issus de l’immigration que pour la société française dans son ensemble.

    Brice Hortefeux a longuement évoqué la nécessité, avant tout accord de regroupement familial, d’un minimum de maîtrise de la langue française par les candidats à l’immigration. Or, est-il utile de rappeler que les immigrés d’Afrique et du Maghreb parlent déjà dans leur grande majorité ce minimum de français, et que, comme nous le constatons, cela n’est en aucun cas un gage de facilité d’intégration, ni même d’insertion ? A contrario, faut-il rappeler que les immigrés des précédentes vagues (Russes, Polonais, Arméniens, Espagnols, Portugais…) ne parlaient pas un mot de français à leur arrivée, ce qui ne les a nullement empêchés de s’intégrer !

    Le ministre a évoqué le contrat d’accueil de l’immigré comme s’il s’agissait d’un élément nouveau. Or, ce contrat existait déjà. Il est d’ailleurs largement signé par les migrants, cette signature ne signifiant au demeurant pas le respect des engagements contractés…

    Brice Hortefeux a rappelé qu’il considère la discrimination positive comme une mesure d’équité : « La discrimination positive, c’est donner plus à ceux qui ont moins ; donc j’y suis favorable ». Pour lui, la raison principale de l’échec de l’intégration est le manque d’emplois. Il a enfoncé le clou en affirmant que quelqu’un qui détenait un emploi était de ce fait intégré. Or, les Français savent parfaitement que détenir un emploi n’est pas un gage suffisant d’intégration. Brice Hortefeux démontre ainsi qu’il ne possède, sur le problème de l’intégration, rien de plus que les connaissances sommaires colportées depuis vingt-cinq ans par l’ensemble de notre classe politique.

    Comme on le constate, il y a donc des éléments à retenir dans l’intervention de Brice Hortefeux, et il y en a d’autres à rejeter. Un seul souhait : qu’il approfondisse sa connaissance du dossier qui lui a été confié. C’est un sujet important, et nous n’avons à présent plus droit à l’erreur, car trop de temps a été perdu !

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration, Politique
  • Entretien avec Julien Landfried

    J'ai accordé un entretien à Julien Landfried, de l'Observatoire du Communautarisme.

    L'Observatoire en conclut que « Sur des sujets délicats (victimisation, discrimination positive, questions identitaires, droit du sol), Malika Sorel apporte une analyse tonique et des réponses se moquant du politiquement correct. »

    J'en profite pour vous signaler que Julien Landfried vient de publier « Contre le communautarisme », aux éditions Armand Colin. Je vous encourage à le lire !

    Catégories : Revue de presse
  • Nous gagnerions à cesser d’invoquer la religion !

    Lorsque j’ai pris la décision d’ouvrir ce blog, ma motivation première était fondée sur l’intuition que j’aurais probablement besoin d’un espace pour préciser un certain nombre de points au sujet de mon livre, notamment après l’interprétation des uns ou des autres (médias ou monde politique), ou pour répondre à des interrogations que mes écrits auraient pu soulever. Il est naturel que notre pensée ne soit pas toujours interprétée comme nous l’aurions souhaité. C’est une situation que chacun de nous peut connaître dans sa vie privée ou professionnelle.

    Dans son bloc-notes du Figaro du 8 juin dernier, le journaliste Ivan Rioufol cite certains passages de mon livre, qu’il invite à lire ; je l’en ai remercié. Son bloc-notes était consacré aux difficultés très préoccupantes que rencontre depuis plusieurs années le département de la Seine-Saint-Denis. J’ai écrit à Ivan Rioufol pour lui soumettre un certain nombre de réflexions, auquel il a été attentif et ouvert.

    Je souhaite donc préciser que l’extrapolation d’Ivan Rioufol, qui évoque le « refus de s’insérer d’une partie de la communauté musulmane », lui appartient intégralement. Le mot « Musulman » n’apparaît nulle part dans mon livre, et je n’y évoque d’ailleurs aucune religion. Comme les dernières vagues d’immigration proviennent très largement de pays à populations musulmanes, j’imagine bien ce qui a conduit Ivan Rioufol à sa conclusion. Cela étant, il suffit d’observer ce qui se passe dans d’autres communautés actuellement présentes sur le territoire français, pour constater que l’intégration de leurs membres rencontre également de sérieuses difficultés. La seule différence, mais elle est de taille et il est nécessaire d’en convenir, est que cette difficulté d’intégration est moins visible, et surtout qu’elle ne se traduit pas en vagues de violence dans l’espace public.

    Je ne partage pas l’approche qui consiste à considérer autrui au travers du prisme de la sensibilité religieuse. De même qu’on ne saurait amalgamer tous nos concitoyens qui ont grandi dans un environnement influencé par le catholicisme, évitons de le faire pour ceux qui ont grandi dans un environnement influencé par l’Islam. Le critère religieux ne fait que perturber la possibilité de nous concentrer sur les solutions à mettre en œuvre. Il est illusoire d’espérer que le processus d’intégration s’accomplira en adoptant une attitude qui consiste à vouloir systématiquement emprisonner tous les prétendants à l’intégration sous une même étiquette ; a fortiori si cette étiquette a été ternie. Nul ne songerait à évoquer « les Catholiques » dans leur ensemble lorsqu’un quelconque problème est le fait de Français de souche ; on ne se pose au demeurant jamais la question de savoir si les personnes incriminées sont de sensibilité catholique, protestante, ou juive. Alors, pourquoi le fait-on pour ceux qui sont de sensibilité musulmane ? (ou supposés l’être ; là aussi, les raccourcis sont systématiques). Il est intéressant de réaliser qu’alors qu’il leur est sans cesse reproché de se replier sur eux-mêmes, on adopte dans le même temps envers « les Musulmans » des attitudes qui, en les stigmatisant, provoquent dans les faits leur repli sur leur communauté d’origine.

    Comme je le développe très longuement dans mon livre, les solutions sont à rechercher dans de multiples directions. Pour en extraire simplement quelques-unes, j’évoquerai le rôle central que doit pouvoir à nouveau jouer l’école républicaine auprès des enfants issus de l’immigration récente. Il est à ce titre essentiel de pérenniser le traitement des difficultés à la source, comme avait commencé à le faire le précédent gouvernement, avec la politique de l’égalité des chances défendue par le Premier ministre Dominique de Villepin, et de s’opposer à ce que soient instaurées des mesures de discrimination positive, qui créent des effets pervers sur les populations à insérer et des dégâts collatéraux sur les Français de souche. Il sera également fondamental de repenser le circuit des aides accordées par l’État aux familles, afin de s’assurer qu’elles sont réellement affectées aux besoins éducatifs des enfants (et ce, quel que soit leur milieu social).

    Catégories : Éducation - instruction, Insertion - intégration
  • La Droite décomplexée

    Faut-il se réjouir que la Droite soit aujourd’hui si décomplexée ? Cette question peut sembler curieuse, mais elle s’impose de plus en plus à moi. Je suis profondément démocrate, et je considère essentiel que de vrais courants politiques aient les moyens de coexister, car c’est la seule façon de s’assurer que la classe politique privilégie autant que possible la défense de l’intérêt général. Alors, pourquoi cette question ?

    Depuis plusieurs semaines, j’entends dans des lieux publics des réflexions que je n’avais jamais entendues avant 2007. J’entends des phrases qui laissent présager que la France va au devant de graves ennuis, car on a engagé les Français dans une voie dangereuse, celle qui exploite le côté le plus vil de l’être humain : la tentation de toujours chercher en l’autre, en celui qui est différent, un bouc émissaire et la cause de ses propres échecs ! Voici quelques-unes de ces remarques abjectes, glanées ces derniers jours au hasard de mes déplacements franciliens, qui indiquent que les voyants sont désormais allumés au rouge en France.

    Sur le quai d’une gare, un groupe de jeunes lycéens discutent, à haute voix et très détendus, comme s’ils évoquaient le dernier film vu au cinéma, sauf que là ils s’accordent pour affirmer qu’« il y en a marre des Noirs en France ».

    Dans un train de la proche banlieue parisienne, un passager monte et, après avoir jeté un regard circulaire dans la rame, s’exclame déçu : « Ah, il n’y aura encore pas de place assise pour les Blancs aujourd’hui ! » En clair, il voulait ainsi signifier que de nombreuses places étaient déjà occupées par des voyageurs à la peau foncée ou aux cheveux frisés. Cet épisode m’a douloureusement rappelé la période de la honteuse Amérique de Martin Luther King.

    Dans un point de restauration rapide où je déjeunais avec mes enfants, un groupe de jeunes, regardant la télévision, s’exclament à la vue d’une personne à l’écran semblant d’origine nord-africaine : « Le bougnoule ! ». Pour votre information, nous étions à Neuilly-sur-Seine, donc dans une ville où les gens vivent plutôt entre eux et ne se sont jamais vraiment sentis « dérangés », ni par des personnes d’origine étrangère, ni même par des Français de souche issus des classes modestes !

    Alors, que penser de tout cela ? Rien qui puisse augurer que les tensions sur le territoire national iront en s’amenuisant, et que nous saurons enfin trouver le moyen d’y construire une vie pacifiée. Le rapport de l’Institut National des Hautes Études de Sécurité (INHES), qui met en évidence la dégradation alarmante des relations police-population en Seine-Saint-Denis, nous rappelle également que le moindre incident peut déraper et embraser une partie de la France. Ce ne sont pas les lois de répression qui vont être « débattues » à l’Assemblée cet été, et qui ne remédieront en rien à l’origine de la violence, qui participeront à faire redescendre la pression, bien au contraire ! Il est bien reconnu que la prison contribue à fabriquer des individus qui, une fois libérés, deviennent encore plus violents envers la société. Nos policiers sont eux aussi victimes de cette dégradation des relations sociales. Étant en première ligne, ils encaissent et paient de leurs personnes les conséquences de choix politiques hasardeux et de propos provocants et irrespectueux, tenus pas des hommes politiques qui devraient pourtant être des exemples de comportement civique. Le civisme ne commence-t-il pas par le respect d’autrui, dans le ton employé et les termes utilisés ?

    La situation risque encore de se dégrader. En effet, les personnes d’origine étrangère repérables au « faciès » et qui souhaitaient s’intégrer, blessées par des comportements insultants comme ceux auxquels j’ai assisté, se refermeront sur elles-mêmes et se replieront encore davantage sur leur communauté d’origine ; leur intégration sera lourdement et durablement compromise. Témoignage de ce repli, la langue française est désormais presque systématiquement délaissée dans les échanges entre personnes d’origine étrangère, qui choisissent de s’isoler ainsi des Français, en parlant la langue d’un pays étranger où elles n’ont parfois jamais vécu ! En pensant exclure de leurs échanges les Français de souche, ces personnes s’excluent en réalité elles-mêmes de la société française, et en excluent leurs enfants, qui maîtrisent de moins en moins la langue française, car ils ne la pratiquent pas suffisamment. Et ce ne sont pas leurs heures de classe qui sauront combler leurs terribles lacunes ! Le fossé de connaissances entre eux et les enfants des familles françaises de souche s’accroît jour après jour. Les enseignants le constatent dans l’exercice de leur mission : un nombre non négligeable d’élèves issus de l’immigration ne comprennent même pas les énoncés des problèmes qui leur sont posés, que ce soit à l’école primaire ou au collège. Comment réussir dans ces conditions ? C’est tout simplement impossible.

    Notre classe politique dans son ensemble porte une lourde responsabilité dans la dégradation constante du climat au long de ces vingt dernières années. Il est urgent que la Gauche se reconstruise en adoptant un comportement mature et responsable et en acceptant, entre autres, la réalité de l’existence des problèmes liés à l’intégration, car c’est sans aucun doute sur ce sujet qu’elle a été déjugée par les Français. Il est tout aussi urgent que la Droite républicaine, qui a laissé une frange de la Droite triompher avec les thèmes du Front National lors de cette élection présidentielle, se reconstruise et se réapproprie ses valeurs qu’elle a laissé fouler, sans même paraître s’en inquiéter !

    La création d’un ministère de l’immigration juxtaposé à celui de l’identité nationale est une nouvelle démonstration de la forte propension d’une certaine partie de la Droite à spontanément stigmatiser ceux qui sont d’origine étrangère. Cette juxtaposition livre ces derniers à la vindicte des Français de souche, depuis longtemps en mal de repères. Il est à craindre que les propos que j’ai récemment entendus se répandent de plus en plus dans les lieux publics. Pourtant, sans esprit de responsabilité, sans sagesse, sans respect, la France ne saura jamais traiter du sujet de l’intégration de manière constructive, et surtout pérenne ; or, c’est une réelle urgence ! Je crains que le peuple français ne récolte un jour que douleur et honte d’avoir ainsi laissé faire.

    Non, ce n’est décidément pas une bonne nouvelle pour les Français que la Droite soit aujourd’hui si décomplexée, car cela démontre, comme le clame haut et fort Jean-Marie Le Pen, que c’est bien le « fond de commerce » du Front National qui est le grand vainqueur de cette élection présidentielle !

    Catégories : Insertion - intégration