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identité - Page 6

  • Mon lundi républicain

    Après Luc Ferry le 3 mai, le Ministre Éric Besson m’a invitée à la tribune des Lundis républicains du 10 mai dernier. Il faut mesurer à quel point cela constitue un grand pas pour tous ceux qui souhaitent que l’on se penche enfin sur la réalité des difficultés de l’intégration. Le Ministre contribue ainsi à faciliter ma marche au service des valeurs qui symbolisent la France ; je l’en remercie bien vivement. Je tiens également à saluer son sens de l’écoute et sa capacité à accepter le débat. Je peux témoigner du fait que ces qualités ne sont pas aussi répandues qu’elles devraient l’être dans le monde politique.

    Catégories : Identité, Insertion - intégration, Politique
  • Identité nationale : levons les tabous !

    Merci au Figaro, qui m’a autorisée à reproduire mon article publié dans ses colonnes en date du 13/03/2010, dans sa rubrique « Débats et Opinions ».

    Identité nationale : levons les tabous !

    La France s’est construite en intégrant l’apport de ses migrants et de leurs descendants. Ces derniers ont contribué à faire vivre les principes fondamentaux du peuple français. Aujourd’hui, défiant tout bon sens, on voudrait persuader les Français que nul lien n’existerait entre identité française et immigration, alors même que le niveau des flux migratoires est sans précédent ? Qu’est-ce qui pousse alors notre classe politique à vouloir contourner nos principes fondamentaux si ce n’est la conviction, fausse au demeurant, que l’intégration des flux migratoires extra-européens ne pourra réussir sans le renoncement à des marqueurs essentiels de l’identité française ?

    L’identité possède une vérité charnelle qui se décline au quotidien en une myriade d’attitudes, et surtout en un regard porté sur les autres et sur le monde. Les principes qu’un peuple érige en fondamentaux sculptent son identité. Ce sont eux qui lui confèrent sa singularité et en font le peuple qu’il est, et pas un autre. Ce sont autant de marqueurs que les parents transmettent à leurs enfants, au travers de la vie familiale, le plus souvent de manière tout à fait inconsciente. Ces marqueurs entrent systématiquement en jeu dans l’élaboration du projet collectif, celui qui dessine le modèle de société. Ils interviennent également lorsqu’il s’agit ensuite d’appliquer et de respecter ce projet. Aussi est-il légitime que les Français s’interrogent sur le contenu de leur identité, à un moment où chacun de ses éléments constitutifs est remis en cause. Quels principes et quelles valeurs pour bâtir le socle de notre société de demain ? Cette question n’est pas secondaire ; elle est majeure.

    Est-il rationnel d’espérer faciliter l’intégration de descendants d’immigrés en envoyant dans le même temps, à l’opinion publique, une multitude de signes qui suggèrent que cette immigration, même à la troisième ou quatrième génération, ne serait pas intégrable à la communauté nationale ? C’est pour elle que l’ensemble de l’échiquier politique tente en effet, depuis de nombreuses années, de retourner la maison France de la cave au grenier : affaiblissement continu des programmes et des exigences scolaires ; tentatives d’élimination de l’excellence dans notre système éducatif ; assauts répétés contre le principe d’Égalité ; suppression des épreuves de culture générale dans les concours administratifs ; abandon des classes moyennes au profit quasi-exclusif des classes défavorisées…

    C’est dans la difficulté d’articulation entre l’univers familial et celui de l’école que prennent racine la plupart des obstacles que rencontrent les enfants de l’immigration. Au lieu de s’employer à dégrader le contenu des savoirs et le niveau d’exigence en compétences comportementales, les pouvoirs publics serviraient l’intérêt général en aidant ces enfants à acquérir les éléments de culture française qui leur permettront de surmonter ces obstacles. En effet, lorsque ces derniers deviennent infranchissables, ils placent systématiquement l’enfant dans l’incapacité d’assumer son rôle d’élève, et le poussent même parfois à empêcher ceux qui l’entourent d’assumer le leur. C’est en maternelle-CP-CE1 que les moyens doivent être intensifiés, car c’est là que l’effet de levier est le plus important. Les graines de l’ouverture à d’autres possibles doivent être semées au plus tôt afin d’en maximiser les chances de germination. La transmission culturelle remplit deux missions : elle permet aux enfants d’intérioriser les principes de notre société en vue de réussir leur insertion, et elle leur permet également de se construire, jour après jour, des points d’accroche affectifs avec la France. C’est ce lien affectif qui les aidera à surmonter les douloureuses tensions identitaires dont ils seront inévitablement le siège, s’ils décident un jour de s’intégrer à la communauté française. Se préoccuper du sort de ces enfants à l’entrée au collège est voué à l’échec, car la grande majorité ne sera déjà plus réceptive au pacte proposé. Il faut être bien ignorant de la réalité de leur détresse, ou bien vouloir en tirer un profit personnel, pour véhiculer l’idée que la fabrication d’une élite originaire du Maghreb ou d’Afrique pourrait faire pousser à ces enfants les ailes de la réussite.

    Mais qu’attend au juste notre société des migrants et de leurs descendants ? Qu’ils s’insèrent dans notre société en respectant les règles de vie et d’organisation, ou bien qu’ils s’intègrent à la communauté nationale en participant à faire valoir l’héritage que les Français ont reçu indivis ? Si la première option est décrétable, la seconde, qui se joue entièrement sur le registre affectif et moral, ne l’est pas et ne pourra jamais l’être. La France devrait le savoir, elle qui s’est longtemps hasardée à vouloir apporter la preuve du contraire en Algérie, avec les drames que l’on sait. Mais une chose est certaine : ce n’est ni en prônant le culte de la différence, ni en encourageant les individus à se rattacher à des communautés particulières, ni en présentant le peuple français comme un peuple qui rejette et discrimine, que l’on cultivera la volonté d’insertion, et encore moins le désir d’intégration. Notre société récolte désormais les fruits de la haine que ces approches ont semée dans le cœur des enfants de l’immigration.

    Un certain nombre de conditions doivent être respectées pour qu’un ensemble d’individus puissent continuer de former un peuple capable de construire et porter un projet politique commun. Ernest Renan les avait recensées ; parmi elles : la fusion des populations ; le désir de vivre ensemble ; la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis ; le partage d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements ; le culte des ancêtres…, résumées en une phrase restée célèbre : « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ». Ce plébiscite, les enfants de l’immigration peuvent à leur tour y participer et se fondre dans la France de demain, une France réconciliée autour de ses valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.

    Catégories : Identité, Revue de presse
  • Entretien dans La Nef

    Dans son numéro de mars, La Nef consacre un dossier à l’Identité nationale. Vous y trouverez ma contribution sous la forme d’un entretien avec Jacques de Guillebon, Directeur-délégué de la revue.

    La Nef est disponible à la librairie La Procure au 3, rue de Mézières 75006 PARIS, ou par correspondance directement sur le site internet de la revue.

    La Nef, mars 2010

    L’identité nationale, une histoire d’amour, par Christophe Geffroy
    Mourir pour la patrie : vertu, choix ou devoir ?, par Pierre Mayrant
    Qu’est-ce que l’identité, par Thibaud Collin
    Que signifie « être Français » ?, par Paul-Marie Coûteaux
    La dette irrémissible, par Jacques de Guillebon
    L’impossible débat sur l’identité nationale, par Hervé Coutau-Bégarie
    « Un faux diagnostic », entretien avec Malika Sorel
    Fin de partie ?, par Michel Toda

    Catégories : Revue de presse
  • La marque de cécité selon Max Gallo

    Je vous recommande d’écouter cette intervention de Max Gallo, dans l’émission l’Esprit public sur France Culture. Dans la première partie de cette émission, il a été question des conclusions du débat sur l’Identité nationale. Max Gallo y a également évoqué la naissance de l’idée de nation française, qu’il situe dans le Haut Moyen-Âge.

    Max Gallo : « Je ne suis pas du tout d’accord pour que l’on prenne comme ça, à la légère, ce débat ou qu’on le résume à des manipulations, à la volonté de substituer un débat factice à de vrais problèmes. Je crois au contraire, que la nation française, comme les nations européennes, qui sont des réalités, mais on peut considérer que ce sont des formations politiques obsolètes “la nation”. Il y a ceux qui pensent, et c’est très répandu dans nos élites, à savoir que parler de nation aujourd’hui, en ce début du XXIe siècle à l’heure de la mondialisation, il vaut mieux dire ce que disent les manifestants souvent qui défendent les immigrés et les sans-papiers “no borders”, “pas de frontières”. Je pense que c’est une illusion mais ça existe. Mais cela dit, si on continue à penser que la nation existe et je crois qu’elle existe, qu’elle a des racines lointaines remontant au Haut Moyen-Âge, ne pas voir que les nations européennes, vieilles nations, la France étant une des plus vieilles, ont une crise d’identité c’est vraiment masquer la réalité […] Ne pas voir que ce traumatisme des évènements historiques a sa répercussion dans nos comportements de citoyens français et dire que tout ça est secondaire, qu’il faut supprimer les ministères, que poser la question de l’identité nationale ou de la nation est une question vraiment dépassée et relevant du XIXe siècle, c’est évidemment un enfantillage pour ne pas dire une marque de cécité… »

    Dans ces évènements historiques, Max Gallo inclut la première guerre, la seconde guerre, l'effondrement de l'empire colonial mais également la remise en cause de la nation par la construction européenne et par la mondialisation.

    Voici à présent ce qu’écrivait Alain-Gérard Slama, dans un article du Figaro daté du 9 novembre 2005 intitulé « impasse de la République » : « Mais le doute s’est installé au sommet du pouvoir, dans les milieux intellectuels, chez les enseignants, au sein de l’opinion. La profession de foi républicaine s’est accompagnée de mauvaise conscience. Plus l’échec des politiques d’intégration s’est profilé à l’horizon, plus le discours dominant est devenu ambigu, hésitant. C’était pain bénit pour les experts en sciences sociales, qui se sont imposés à la faveur de cette confusion, au point d’orienter des choix politiques de plus en plus indifférents aux leçons de l’histoire. Les tenants les plus fermes du principe d’égalité devant le droit, qui avait été la clé d’or du consensus national, se sont laissés ébranler par les arguments favorables aux discriminations positives. Les universalistes les plus ardents se sont demandés si les revendications identitaires et communautaires n’étaient pas le point de passage obligé des nouveaux processus d’intégration. Les maîtres se sont partagés sur la position à adopter devant des voiles islamiques, qu’ils ont d’abord interprétés comme des manifestations du malaise de l’adolescence. C’est ainsi que les piliers de l’idée républicaine, la loi, la laïcité et l’école se sont lentement fissurés… »

    Catégories : Identité, Insertion - intégration