Pour démarrer l’année, Atlantico a posé un certain nombre de questions à plusieurs de ses contributeurs autour du thème suivant : avec la crise énergétique, les risques d’explosion sociale, le malaise démocratique et les dérives du wokisme, les défis à relever pour 2023 sont légion.
Voici les questions qui m’ont été posées, suivies de ma réponse :
Comment échapper aux dérives du wokisme, du communautarisme et des extrémistes liberticides du climat en 2023 ? Peut-on tirer certains enseignements de l’année écoulée ?
Un vent de folie s’est levé en Occident, y semant les graines d’un chaos qui grandit année après année et qui risque fort, en l’absence d’un sursaut rapide, de nous conduire vers une guerre de tous contre tous. Pour éviter le pire, il faudrait qu’une part significative des citoyens retrouvent le bon sens et tourne le dos au « chacun pour soi », grande vulnérabilité des sociétés démocratiques comme l’avait si justement anticipé Alexis de Tocqueville dont la parole apparait prophétique. Imaginant sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire, il explicite le fait que chaque individu « retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine. Quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. »
Il m’apparaît également urgent d’œuvrer collectivement, et donc chacun à sa mesure, à la restauration de la liberté de pensée et de jugement ainsi que de la liberté d’expression, qui ont été confinées sous l’effet de la terreur instaurée par les adeptes des nouvelles religions que vous citez. Par la force des choses, il se pourrait bien que la crise économique et financière redéfinisse la hiérarchie entre l’essentiel et l’accessoire, et donne enfin aux populations occidentales la force et le courage qui leur ont tant fait défaut ces dernières décennies, car il ne fait aucun doute à mes yeux que c’est en partie leur légèreté et leur insouciance qui ont conduit à la situation actuelle.
Quel enseignement tirer de l’année écoulée pour la France ? De nombreux sujets sont venus éclairer d’une lumière crue le fait que l’esprit de cohérence avait pris le maquis. Quelques exemples : hier, il était question de fermer des centrales nucléaires ; aujourd’hui, on comprend que c’était une hérésie et on tremble d’avoir à vivre à la lumière des bougies, ce que j’ai un temps vécu en Algérie, et que je n’aurais jamais cru possible un jour en France ! Au nom du climat, on dynamite la filière automobile et demain, on pleurera sur l’industrie française, qui se conjuguera au passé ainsi que les innombrables métiers et emplois qui s’y rattachent. Longtemps, la France a été souveraine en matière pharmaceutique ; le pays de Pasteur se révèle désormais incapable de produire les médicaments dont il a besoin, et doit faire face à des pénuries. La France était admirée, entre autres, pour son service de santé ; aujourd’hui, ce dernier s’écroule sous nos yeux et nos dirigeants politiques, pour tenter de le ranimer, ne trouvent rien de mieux que d’aller piller le personnel médical des pays du Sud – comme ils y pillent déjà les cerveaux des disciplines scientifiques et technologiques – condamnant ainsi certains pays sources de l’immigration à un sous-développement certain, avec pour conséquence directe des flux croissants de migrants vers les pays du nord. Or voilà longtemps que la société française n’est plus en capacité d’assimiler. Le communautarisme en est l’une des nombreuses conséquences, ainsi, entre autres, que l’effondrement de l’école attesté par les classements internationaux, effondrement qui ne pourra que précipiter le déclin économique de la France. Le fait nouveau majeur, c’est qu’un nombre croissant de Français réalisent avec effroi que leurs enfants vivront probablement moins bien qu’eux, sur une terre au « bien vivre ensemble » menacé, dans un moment où une terrible angoisse identitaire les étreint. Au lendemain des violences de supporters de football marocains sur le sol français, le gouvernement a l’indécence de se prosterner à Rabat pour redonner des visas et le lendemain, c’est à Alger que ce même gouvernement fait acte de soumission alors même qu’il s’est révélé incapable d’assurer les Obligations de Quitter le Territoire aux clandestins (OQTF).
Le haut niveau de défiance des citoyens envers les élites dirigeantes est justifié. La classe dirigeante a fait, d’elle-même, la preuve qu’elle n’était pas à la hauteur des circonstances. Ce constat est à plus d’un titre alarmant, car les élites ont un devoir d’exemplarité. C’est de cette exemplarité que dépend en grande partie l’unité nationale, qui ne se décrète pas et ne peut résulter d’un simple exercice de communication incantatoire. Je crois, comme disait Tocqueville à la Chambre des députés le 27 janvier 1848, que nous nous endormons sur un volcan.