Lors du discours qu’elle a tenu le 22 juin dernier au Tribunal de Grande Instance de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le nouveau ministre de la justice a effectué quelques annonces qui semblent, pour l’instant, être passées inaperçues. Je les relève donc ici.
Voici un premier extrait du discours de Rachida Dati :
« Un message d’humanité et d’ouverture, adressé à toutes les populations en souffrance, exclues, discriminées, reléguées […] Je sais qu’ici les populations sont l’objet de discriminations sociales, économiques et culturelles […] Je veux faire changer la perception qu’elles ont de notre justice car elles ont encore plus besoin de justice que les autres […] C’est pourquoi je souhaite créer dans tous les parquets un pôle anti-discrimination. Il y aura un magistrat et un délégué du Procureur de la République dédiés à la lutte contre les discriminations […] »
Ainsi, en France, une partie de la justice va être spécifiquement dédiée aux populations qui seraient discriminées par les Français de souche, érigées en potentiels racistes par l’idéologie victimaire ; cette idéologie qui fait des ravages depuis plusieurs années, et qui porte une responsabilité centrale dans le fait que les jeunes issus de l’immigration ne s’investissent plus dans la construction de leur avenir. Les familles de l’immigration sont en effet, à présent, profondément convaincues que leurs difficultés, voire leur impossibilité à gravir l’échelle sociale française, est imputable au comportement des Français de souche à leur égard. Cette idéologie, qui avait déjà conduit à la création de la Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité), déjà dotée, il faut le préciser, d’un pouvoir de sanction, a des conséquences désastreuses sur les jeunes issus de l’immigration, et même sur la société toute entière.
Depuis de nombreuses années, la France berce d’illusions les populations issues de l’immigration avec une idéologie victimaire dont le corollaire est la repentance des Français, auxquels il appartiendrait de réparer les injustices dont ils se seraient rendus coupables. Depuis vingt-cinq ans, nous refusons de nous pencher avec sérieux sur l’origine des problèmes d’insertion des jeunes issus de l’immigration. Le résultat de notre errance, nous pouvons l’observer chaque jour davantage : c’est la marginalisation croissante des jeunes issus de l’immigration. Mais laissons à nouveau la parole à Rachida Dati :
« Les difficultés en Seine-Saint-Denis sont nombreuses : un taux de criminalité élevé de 104 crimes et délits pour 1 000 habitants en 2006, alors qu’il est de 61 pour la France entière […] Et pourtant, il y a ici plus de 30 000 associations, soit 20 % de plus que la moyenne nationale […] Le nombre de condamnations en récidive pour les crimes et délits a augmenté de 68 % en cinq ans. Pour les délits les plus graves, cette augmentation a été de 145% […] La délinquance des mineurs augmente. Elle est de plus en plus violente. Elle concerne des tranches d’âge de plus en plus jeunes. En 5 ans, le nombre de mineurs condamnés pour des délits de violence a augmenté de près de 40%. En 2006, la part des mineurs dans le total des personnes mises en cause pour l’ensemble des crimes et des délits est de 18%. Elle s’élève à 45% pour les vols avec violence. »
Il devient à présent urgent de nous interroger sur ce qui conduit les enfants issus de l’immigration à défier, de plus en plus jeunes, la République et ses représentants. Il est intéressant de relever que des jeunes dotés du même profil, et qui évoluent encore dans leur pays d’origine, n’adoptent absolument pas le même comportement et continuent à s’investir à l’école et à respecter les lois en vigueur dans leur pays, alors qu’ils savent parfaitement qu’ils n’auront que très peu de chances de trouver un emploi dans leur contexte économique. Si nous étendons cette politique-poison de la victimisation et de la repentance en installant des pôles anti-discrimination au sein de parquets, si nous persistons à laisser diviser la France en deux camps, victimes et bourreaux, et à régulièrement dresser les groupes issus de l’immigration contre les Français de souche, nous mettrons en danger notre paix civile.
Rachida Dati poursuit : « C’est pourquoi, je veux pour la France une justice adaptée au monde dans lequel elle agit et qui accompagne les changements qui rythment nos vies […] Je ne veux plus qu’une partie de la population française pense que la justice n’est pas faite pour elle, qu’elle est même faite contre elle. Je veux leur dire qu’ils se trompent. »
Que sous-entend le ministre de la justice de la République Française lorsqu’elle déclare qu’elle va « adapter la justice aux changements qui rythment nos vies » ? La question devrait lui être posée. Est-il utile de rappeler que les lois françaises n’ont été faites ni pour, ni contre les migrants et leurs descendants ? Ces lois, qui illustrent le socle des valeurs fondamentales propres à la société française, existaient bien avant leur arrivée. Elles sont le fruit de l’immense héritage du peuple français. Aucun parent français de souche ne laisserait ses enfants se singulariser comme on le laisse faire aux enfants issus de l’immigration, lorsqu’ils rejettent des éléments essentiels du contrat du « bien vivre ensemble » qui régit la société française.
Encore un extrait du discours de Rachida Dati : « Une Justice ouverte et moderne, c’est aussi une Justice qui ressemble à la France d’aujourd’hui, dans toute sa diversité. L’origine sociale des acteurs judiciaires, et au plus haut niveau, doit être diversifiée sans remettre en cause le recrutement par concours, creuset du mérite républicain et de l’égalité des chances. »
Ce passage signe en réalité la volonté que soient dorénavant prises en compte les origines ethniques et raciales des postulants aux emplois ; c’est l’introduction de la discrimination positive sans la nommer. Comment s’en étonner, lorsqu’on sait que Rachida Dati est membre fondateur du club XXIe siècle, dont Rama Yade est la vice-présidente ; cercle d’influence dont le but affiché par Rachida Dati elle-même, est de favoriser le recrutement à haut niveau des personnes issues de l’immigration. Que dirait-on si des Français de souche créaient un club qui se fixait comme objectif de favoriser le recrutement de Français de souche pour les propulser dans les sphères du pouvoir ? Ne parlerait-on pas alors de racisme avéré ?
La tâche des Français qui sont attachés à ce que la France demeure « une et indivisible » va considérablement se compliquer, car l’idéologie de la victimisation, de la repentance des Français et de la discrimination positive est maintenant installée dans les plus hautes sphères du pouvoir politique. Valoriser le travail et le mérite, tourner le dos à la repentance du peuple français, étaient pourtant des thèmes martelés dans les messages qu’avait scandés Nicolas Sarkozy au cours de sa campagne pour accéder à la Présidence…
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur la relation de cause à effet entre l’idéologie victimaire et la fin de la France « une et indivisible », je les encourage à lire Le puzzle de l’intégration !