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  • Faut il oublier le passé pour se donner un avenir ?

    C’est l’un des sujets du bac philo de cette année. Je ne résiste pas à la tentation de faire appel à Claude Lévi-Strauss :

    « Les sociétés se maintiennent parce qu’elles sont capables de transmettre d’une génération à une autre leurs principes et leurs valeurs. À partir du moment où elles se sentent incapables de rien transmettre, ou ne savent plus quoi transmettre et se reposent sur les générations qui suivent, elles sont malades. »

    C’est un extrait du livre-entretien avec Didier Éribon De près et de loin, (éd. Odile Jacob, 1988). Je vous en recommande la lecture, et particulièrement la troisième partie qui s’intitule « Les cultures, la culture ». Le plus important y était dit, et pourtant aucun sursaut ni prise de conscience ne s’en est suivi. Or, « il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience » (Jean Jaurès) ; le terme de révolution est ici à interpréter au sens de progrès majeur, et non d’affrontements. Pour ne pas se décourager, pensons très fort à Victor Hugo : « Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue ».

    Catégories : Politique
  • Outrage au drapeau

    Le Monde : « Le drapeau français accroché sur la façade de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) a été brûlé dans la nuit de dimanche à lundi, et remplacé par un drapeau algérien »

    L’Express : « Le drapeau allemand, érigé à côté de l’emblème national pour fêter les 50 années de jumelage avec Kornwestheim, n’a lui pas été dégradé. »

    Le Figaro : « Une quinzaine de drapeaux tricolores accrochés sur le bâtiment municipal dans le cadre d’un jumelage ont par ailleurs été décrochés et dispersés »

    Après avoir tenté, dans un premier temps, de minimiser la portée de l’outrage, madame le Maire de Villeneuve-Saint-Georges a indiqué que c’était le drapeau de la ville qui avait été brûlé, et non le drapeau français. Cette tentative de minimisation, qui prend les Français pour des c…, est d’autant plus consternante que le décrochage concomitant de 15 drapeaux tricolores indique clairement que c’est bien l’emblème national qui était visé. Les voyous auront vu rouge à la seule vision des trois couleurs bleu-blanc-rouge du drapeau de la ville.

    C’est parce que certains se sont plu à toujours tout minimiser et tout justifier, même l’injustifiable, que nous en sommes arrivés à ce que le peuple français soit régulièrement agressé. Car au travers des outrages faits à son drapeau et à son hymne, c’est bien entendu le peuple français qui est visé. Et ce peuple se retrouve enchaîné, non pas par les migrants et leurs descendants, mais bien par ceux qui avaient pour mission de veiller sur lui. Je reprendrai à mon compte le jugement de l’historien Pierre Nora : « S’il y a bien deux choses qui ont caractérisé les intellectuels, c’est la lâcheté et l’aveuglement », et je l’étendrai bien au-delà des intellectuels en évoquant les « élites ».

    Certes, les résultats de l’enquête ne sont pas encore connus ; mais que ce soient des Algériens qui aient perpétré cet acte, ou bien des Français exaspérés qui aient eu envie de créer une émotion ou une réaction dans le but de sortir les esprits de la léthargie dans laquelle les ont plongés trente ans de pensée unique, dans les deux cas, cela révèle la même chose : nous sommes désormais assis sur une véritable poudrière. La volonté d’en découdre se répand en effet comme une traînée de poudre à travers le pays, et ce n’est pas l’interdiction de l’apéro de la Goutte d’Or qui calmera les esprits, bien au contraire. Cette interdiction contribue à mettre en exergue le fait que le comportement de notre classe politique est bel et bien dicté par la peur de ceux qui lui font… peur. Si cet apéro s’était avéré de pure provocation, ses organisateurs se seraient finalement discrédités d’eux-mêmes ; alors que ne subsiste désormais que le doute instillé quant aux réelles motivations de la décision politique (deux poids, deux mesures ?), laquelle ne fait que renforcer finalement les intérêts des extrémistes de tous bords. Aussi cette interdiction constitue-t-elle, à bien des égards, une erreur politique.

    Dans des conditions de tension de plus en plus palpable dans l’espace public, je qualifie de profondément irresponsable, et donc inacceptable, le fait de continuer d’« accueillir » 200 000 immigrés chaque année et d’accorder la nationalité française à près de 100 000 étrangers par an. Cerise sur le gâteau, j’entends régulièrement qu’il nous faut expliquer aux nouveaux Français quelles sont les valeurs qui caractérisent le peuple français. On reconnaît donc que l’on distribue la nationalité française à des personnes qui ne sont pas encore porteuses de l’identité française. Qui pouvait encore en douter ?

    De quels qualificatifs affublerait-on des parents qui continueraient d’adopter alors qu’ils se seraient révélés incapables, pour quelque raison que ce soit, d’assurer un développement normal à leurs enfants ? Le manque d’esprit de responsabilité : voilà où se situe la véritable cause de la descente aux enfers de notre société. Depuis trente ans, le peuple français, mais c’est la même situation qui prévaut partout en Europe, assiste impuissant à l’installation progressive du chaos.

    Monsieur le Président de la République, je vous en conjure, réformez le code de la nationalité tant que subsiste encore un mince espoir de garder le contrôle de la situation. Ayez le courage de le faire maintenant, et de ne pas repousser à demain le service de l’intérêt général. Nous fêterons très bientôt les 70 ans de l’appel du Général de Gaulle, j’espère de tout cœur que ces commémorations seront pour vous l’occasion de vous inspirer de sa pensée politique : l’intérêt de la France avant toute autre considération.

    Catégories : Identité
  • La nausée

    Voilà ce qu’a provoqué en moi la nouvelle de la rémunération de Madame Boutin. Lu dans L’Express : « Christine Boutin a confirmé que cette rémunération (9500 euros) s’ajoutait à son indemnité de conseillère générale des Yvelines (environ 2600 euros bruts par mois) et sa retraite de parlementaire (1986-2010, environ 6000 euros par mois). »

    Éric Woerth a demandé à Christine Boutin de renoncer à son cumul de salaires : « À partir du moment où une polémique est née, il faut répondre à la polémique », a-t-il dit. Si je comprends bien le français, cela signifie qu’en l’absence de polémique, ils peuvent continuer de se goinfrer comme si de rien n’était ?

    Christine Boutin, sur France Info : « J’ai une superbe mission, une responsabilité majeure qui va sans doute participer à la pacification mondiale. Quand il s’agit du travail des enfants, de l’inégalité sociale entre travailleurs, excusez-moi du peu, ça mérite qu’on s’y donne à fond. »

    De quelle crédibilité les goinfres et autres justificateurs de goinfrerie peuvent-ils se prévaloir, pour venir ensuite évoquer la justice sociale devant des classes moyennes qui portent le pays à bout de bras ? Mais ma parole, comme on dit dans le sud, ils n’ont pas de morale ! « Ils n’ont pas de pain, qu’on leur donne de la brioche ! » : cette phrase, attribuée à Marie-Antoinette, pourrait être aussi bien prononcée par l’un de nos contemporains.

    Pour mémoire, François Fillon, le 21 septembre 2007 : « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d’un État qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d’un État qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. Ça ne peut pas durer. » Vous avez bien raison, Monsieur le Premier ministre, « ça ne peut pas durer ».

    Catégories : Politique
  • Côté coulisses

    À mon arrivée dans le salon invités de France 2, je découvre que je participe à un plateau de 10 personnes, quand je pensais être invitée à un plateau de 5 personnes. Ma réaction intérieure ? « Ma pauvre petite, si tu parviens à prononcer ne serait-ce qu’un seul mot intelligible, ce sera vraiment très très bien ».

    Je m’attendais à un débat autour de Pierre Nora à l’occasion des 30 ans de la revue Le Débat, je découvre que le sujet sera autre. Ce point ne me pose pas de difficulté. C’est le nombre d’intervenants autour de la table qui m’interroge. Il paraît clair que le temps indispensable au développement des idées ne sera pas là. J’entre alors en concentration. Il me faut me placer en mode « pilotage automatique ». C’est mon cerveau qui prendra les commandes. Je lui fais entièrement confiance. Je découvrirai ensuite le résultat, en visionnant l’émission après coup.

    Au moment d’entrer sur le plateau, Franz-Olivier Giesbert me dit très gentiment « souriez, car à la télé ça passe mieux si on sourit, et surtout parlez dès que vous le souhaitez ». C’est in situ que je vais comprendre ce que signifie la seconde partie de son très amical conseil. Pour pouvoir m’exprimer, Franz-Olivier Giesbert s’attend à ce que je coupe la parole à celui ou ceux qui sont en train de parler. Ce que je vais refuser de faire, malgré les nombreux encouragements qu’il va m’adresser tout au long de l’émission et que vous ne voyez pas à l’antenne. Heureusement qu’il me donnera tout de même la parole à deux reprises. Je vais tout de même finir par couper la parole à Mara Goyet, dont le misérabilisme dégoulinant me fait bondir. C’est là que j’évoque la nécessité que les aides sociales ciblent directement les enfants. Sous-entendu, lorsque ces aides passent par les parents, elles n’atteignent pas forcément les enfants.

    Voici, pêle-mêle, quelques-unes des pensées qui m’ont traversé l’esprit durant l’émission, au fil des paroles de certains orateurs :

    • Il y aurait donc actuellement, sur le territoire français, consensus sur la République, et tout le monde serait soudé autour de la laïcité ? Il y en a qui ne vivent pas sur la même planête que nous ! Les extra-terrestres possèdent finalement la même apparence physique que les terriens…
    • Le bonheur ? Qu’est-ce que le bonheur ? A-t-il été de tous temps une finalité, ou n’est-ce pas cette dictature du bonheur qui a entraîné la société contemporaine dans une fuite en avant et qui a rendu les Européens aussi vulnérables ? Soyez heureux, et surtout montrez que vous l’êtes. Souriez à pleines dents. Adoptez le consensus mou et la pensée molle. Honte à vous si vous n’avez pas trouvé le bonheur…
    • Est-il seulement capable d’imaginer qu’une foi puisse exister en un projet qui ne soit pas d’inspiration religieuse ? Visiblement non. Comme il a fait des études de philo, alors il est estampillé philosophe, et tout le monde se doit d’être d’accord avec lui. Ceux qui ne le sont pas prennent le risque d’être classés ignares ou incultes. J’assume faire partie de cette catégorie de pauvres péquenauds qui ne se vivent pas à l’heure bobo gauche-droite de la mondialisation. Je suis une péquenaude qui va jusqu’à se réjouir de la glaise de son territoire qui reste accrochée à ses chaussures.
    • Ce débat va dans tous les sens. Là, ça fait de longs moments qu’ils discutent de capitalisme et ils mélangent un peu tout, toutes les notions, tous les concepts. La crise ne serait donc pas réelle, elle serait de l’ordre du ressenti… ;
    • Alors là, avec tout ce qu’elle a dit dans son livre, je m’attendais à tout autre chose de sa part. Venir nous dire, après tout ce qu’elle a dû endurer dans ses classes : « ces pauvres parents, ils n’y peuvent rien si leur réveil ne sonne pas à 7 heures ». D’autre part, je suis choquée d’entendre un enseignant employer des mots grossiers. Se pourrait-il que les profs, entendant des grossièretés à longueur de journée, finissent par s’y habituer et se trouvent contaminés par ce mauvais virus ? Ce syndrôme me fait penser à ces générations de parents qui pensaient aider leur bébé en se mettant à lui parler bébé au lieu de s’exprimer convenablement…
    • Je comprends ce qui est sous-jacent aux chemins de Compostelle, mais ce qui ressort de cette discussion me semble un peu surréaliste. Pauvre deviendrait chic ? J’ai envie d’intervenir pour dire que goûter à la pauvreté quand elle est pleinement choisie et s’accompagne d’emblée d’un contrat à durée déterminée n’a strictement rien à voir avec une pauvreté dont vous ignorez le terme. Si vous savez que dans quelques semaines, un frigo bien garni vous attend, alors là, oui, être pauvre peut devenir une expérience très tendance. Vous ferez pâlir d’envie vos semblables, à qui vous raconterez votre aventure dans un autre monde. L’échange autour de la pauvreté me fait repenser au Ramadan : les gens ne mangent pas de la journée. Le but est de communier avec les pauvres, de partager leur souffrance. Mais à partir de midi, tout le monde ne pense plus qu’à manger. Les hommes quittent leur travail très tôt pour aller acheter tout ce qu’ils peuvent, et les femmes mettent en route les fourneaux. Ceux qui le peuvent dorment une partie de la journée. Le Ramadan est un mois quasi-mort pour l’économie, et pour la transmission des savoirs dans les établissements scolaires. Le soir venu, ce sera la multiplication des mets sur la table. Le mois du Ramadan, c’est celui où les gens mangent le plus. Où est la communion avec les pauvres ? Quels pauvres ? L’objectif premier a disparu des esprits…

    Puisque j’étais en pilotage automatique, j’ai découvert le résultat après coup, en visionnant l’émission. J’ai également lu les courriels qui m’ont été adressés. Au vu des quelques minutes où je me suis exprimée, je ne suis finalement pas mécontente du résultat, alors que le sentiment qui m’habitait au sortir du plateau, c’était plutôt une grande déception.

    Mon « pilote automatique » a réussi à placer des éléments majeurs en très peu de temps : 1- la responsabilité est politique ; 2- l’école et les enseignants ne sont pas des magiciens et ne peuvent pas tout ; 3- les parents doivent adhérer au contenu du pacte républicain - sous-entendu, lorsque ce n’est pas le cas, c’est dans cette direction qu’il faut chercher, en priorité, la raison de l’échec de leurs enfants ; 4- il faut renouer avec l’esprit de responsabilité, donc de responsabilisation ; 5- il faut tourner le dos à l’idéologie de la repentance et au misérabilisme.

    La radio et la plume conviennent bien mieux à ma personnalité. À la télé, pour bien faire passer son message, il est préférable de sourire de tout et donner l’impression d’être détaché de tout. J’en suis totalement incapable. La France est en train de mourir à petit feu sous les yeux de ses propres enfants. Ces derniers seront jugés coupables de non-assistance à personne en danger par le tribunal de l’Histoire s’ils ne parviennent pas à la sauver. Je ne vois rien de drôle dans tout cela.

    Henri Guaino : « Tout le monde n’est pas républicain […] L’indivisibilité de la République face au communautarisme, c’est un débat tout à fait d’actualité. C’est pas du tout quelque chose de secondaire ou d’anecdotique. TOUS LES JOURS, les assauts sont extrêmements forts […] C’est vrai pour la laïcité aussi. Derrière ce débat sur la République, la question qui est posée c’est : dans quelle société voulons-nous vivre ? Avec quels droits, quels devoirs et sur quelles valeurs ? C’est Georges Pompidou qui disait, je crois, un pays ce n’est pas une page blanche. Non, un pays n’est pas une page blanche. Il y a des mentalités, des représentations collectives, une histoire, des souvenirs, une mémoire individuelle et collective. Nous, tout cet héritage, nous l’avons appelé la République. »

    Catégories : Revue de presse