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  • Pour eux, nous n’existons plus !

    Hier matin, j’ai assisté à un séminaire ministériel organisé par Éric Besson, sur le thème « Les migrations en Méditerranée : construire un espace de prospérité partagé ». Dans la mesure où de nombreux journalistes couvraient le séminaire, je peux me permettre d’en partager avec vous quelques éléments.

    Y étaient conviés des ministres des pays suivants : Chypre - Grèce - Espagne - Croatie - Malte - Monténégro - Maroc - Égypte.

    Un expert planta d’emblée le décor, basant son argumentaire sur le fait que puisque la population européenne vieillissait, trois possibilités s’offraient à nous. Je le cite :

    « 1) Soit nous retardons l’âge de la retraite : mesure pas très populaire ;

    2) Soit nous mettons davantage les femmes au travail : cela aura une incidence négative sur le taux de fécondité ;

    3) Soit nous organisons les migrations internationales. »

    Et sur ces mots destinés de toute évidence à permettre aux ministres présents d’enchaîner avec leurs discours bien préparés, le fil conducteur de la matinée fut que, puisque le Nord ne faisait pas d’enfants, le Sud en faisant beaucoup (cela a été dit), il fallait donc s’atteler à organiser les flux migratoires du Sud vers le Nord. Plusieurs ministres ont même déclaré que de toute façon l’immigration se produisant de manière illégale lorsqu’elle n’était pas autorisée, il était préférable de la légaliser et de l’organiser. Il a aussi été dit qu’en Tunisie, 75 % des jeunes envisageaient de quitter leur pays…

    Voici un florilège de paroles prononcées par des ministres des pays du Nord :

    « Les pays du Nord ont besoin de main d’œuvre. »

    « L’immigration augmente la compétitivité des pays du Nord. »

    « L’immigration profite aussi bien aux pays du Sud que du Nord. »

    « Comme la main d’œuvre qui vient du Sud est peu qualifiée et que les pays du Nord auront de plus en plus besoin de main d’œuvre qualifiée, les pays du Nord doivent aider à former la main d’œuvre du Sud afin qu’elle réponde mieux à leurs besoins. »

    « Nous devons conduire une politique souple de visas afin de faciliter la circulation des flux d’immigration. »

    « Nous devons faciliter le fait que les immigrés gardent le contact avec leurs pays d’origine et y transfèrent une partie de leur argent. »

    « Nous devons organiser les sociétés d’accueil de manière à ce qu’elles reconnaissent qu’elles sont diverses. De toute façon, c’est le modèle qui est appelé à se répandre partout. La priorité doit être donnée à la lutte contre les discriminations. »

    « Un monde sans immigration serait un monde plus divisé, plus radical. »

    « La pauvreté et le manque de développement ont été causés par la colonisation. »

    « L’immigration est peut-être la solution à la crise », prononcé très solennellement par le ministre suédois, invité en tant que représentant du pays qui préside actuellement l’Union Européenne.

    Les deux ministres du Sud demandèrent que leurs ressortissants soient bien traités dans les pays hôtes, et que dans l’empressement à organiser les flux du Sud vers le Nord, on veille à faire en sorte de maintenir le lien prégnant avec les pays d’origine, afin que les migrants transfèrent des fonds dans leur pays (souvenons-nous que c’est autant d’argent qui sera ôté du projet éducatif de leurs enfants). Le ministre marocain insista sur le fait que ces migrants (la communauté des Marocains résidant à l’étranger) constituaient une diaspora, et que le Maroc s’en occuperait de manière très active. La ministre égyptienne prit bien soin de commencer son discours par « Au nom d’Allah le plus miséricordieux… » et formula le souhait que la langue arabe soit beaucoup plus présente à l’avenir dans le bassin méditerranéen.

    Éric Besson conclut ainsi la matinée : « Nous devons accélérer et accroître les flux de circulation. »

    Tous les ministres ont signé la « Recommandation de Paris sur la promotion de la mobilité des jeunes dans l’espace méditerranéen », dont voici un extrait : « Réaffirmant leur détermination à bâtir un avenir méditerranéen commun, ils sont convenus de la nécessité de donner priorité à la jeunesse dans la construction d’un espace méditerranéen de la circulation des personnes, du savoir et des compétences. »

    Un office méditerranéen de la jeunesse sera créé d’ici le 1er janvier 2011. Il aura pour but de faciliter la libre circulation des étudiants de certaines filières universitaires, ainsi que de leur offrir des bourses.

    Je dois tout de même vous livrer une perle qui fut répétée à plusieurs reprises : « Il serait intéressant que l’on se penche un jour sur les besoins réels de main d’œuvre des pays du Nord, car nous ne les connaissons pas » !!! N’importe quel esprit sainement constitué aurait pourtant commencé par là ! À aucun moment il n’a été question de l’existence de chômeurs en Europe, et donc encore moins de leur nombre, ni d’étudiants pauvres qu’il fallait peut-être aider en Europe.

    Durant toute cette matinée, il était manifeste que les peuples européens n’intéressaient pas les ministres européens. C’était comme si l’Europe était une terre inhabitée ou qui allait très prochainement le devenir, et qu’il convenait de la peupler. Le seul moment où on put penser que dans leurs esprits des Européens existaient encore, c’est quand il fut fait mention de la nécessité de lutter contre les discriminations dont les migrants seraient victimes…

    Cette matinée m’a montré, si c’était encore nécessaire, à quel point ces « élites » européennes se préoccupaient parfois bien davantage des intérêts de peuples étrangers que de ceux de leurs propres peuples. Ce sont bien elles qui sont responsables de la situation actuelle, et non pas les immigrés. Désormais, seuls les peuples européens pourront épargner le chaos à leurs pays, et sauver par la même occasion leurs vies et celles de leurs descendants, car il est clair que ce qui nous est préparé par des dirigeants qui ne s’en rendent même pas compte, c’est la prolifération des Balkans à travers l’Union Européenne. Nous sommes là bien loin du rêve des pères fondateurs !

    Chaque citoyen doit œuvrer à l’émergence d’une véritable conscience collective qui nous aidera à arrêter la course folle vers les Balkans. Si un peuple européen y parvient, tous les autres suivront la même voie, car chaque peuple observe à présent ses voisins. Pour y parvenir, il est indispensable de fournir des arguments et des clés de décryptage à nos proches, nos amis, nos collègues, ainsi qu’à tous les politiques dont le cœur bat encore avec celui des Français, et qui peuvent ainsi devenir des porte-voix de la cause la plus importante qui soit : la cohésion nationale. La puissance jaillit entre les hommes lorsqu’ils agissent ensemble !

    Catégories : Immigration, Politique
  • La parole à un Américain

    La différence fondamentale entre la France et les États-Unis, c’est qu’aux États-Unis, les Démocrates et les Républicains partagent un même amour de la nation américaine et ils en exigent le respect.

    Vendredi 4 décembre, j’ai assisté au colloque « Qu’est-ce qu’être Français ? » organisé par l’Institut Montaigne. Le discours de clôture du Premier ministre François Fillon était très beau. À un moment donné, j’ai eu envie de me lever et de lui crier « Aux actes, citoyen Fillon ! » Oui, nous en avons assez des beaux discours. Ce qu’il faut à présent à la France, ce sont des actes !

    Voici un extrait d’une table ronde qui avait pour sujet « Comment, concrètement, réhabiliter le sentiment d’appartenance à la communauté française ? » Et puisque nul n’est, paraît-il, prophète en son pays, laissons la parole à Thione Niang, citoyen américain.

    Thione Niang a 31 ans. Il est Américain d’origine sénégalaise. Il a fait partie de l’équipe de campagne de Barack Obama. Il est actuellement Président de la commission des affaires internationales des jeunes démocrates américains.

    Voici donc pour vous un extrait de son intervention :

    « Excusez mon Français car je suis aux États-Unis depuis neuf ans, mais pour le respect de la langue, je vais essayer de parler en français. »

    « Ce que j’ai constaté ici en France, ce que me disent les jeunes et les jeunes disent la même chose partout où je vais, c’est qu’on ne se sent pas Français surtout les minorités. Je leur parle de mon histoire. Je suis issu d’une famille pauvre du Sénégal. Quand je parle dans les conférences que je fais pour les encourager à s’engager dans leur pays, participer au développement de leur pays parce que le monde a besoin des jeunes qu’ils soient partout des acteurs de changement, ils me disent qu’en France c’est pas la même chose, ce n’est pas possible parce qu’on ne se sent pas Français, que le système ne nous inclut pas.

    Beaucoup d’entre nous qui ont quitté leur pays, on emmène notre culture avec nous. Quand je suis venu aux États-Unis, j’ai amené avec moi la culture wolof, le côté privé de cette culture, ma religion Islam. Il y a des choses que je ne vais pas laisser, mais il y a des choses dans ma culture qu’il fallait que je laisse pour m’intégrer dans la société américaine.

    Quand je suis devenu Américain, j’ai pris la nation américaine très très très au sérieux. Je suis prêt à mourir pour les États-Unis parce qu’il m’a tout donné. C’est un pays qui m’a tout donné. Même l’Afrique ne pouvait pas me donner. Et ça c’est ce que je dis aux jeunes ici. Il ne faut pas juste dire que le système ne marche pas. Ils ne me reconnaissent pas donc je ne fais pas partie. Mais tu vis en France et tu hais la France. Si tu hais la France alors prends tes affaires et rentre chez toi. Si le Sénégal était très bien, j’allais pas aller aux États-Unis. Il faut que les gens comprennent qu’ils doivent avoir la fierté et l’amour de leur pays. Prendre la nationalité d’un pays, c’est quelque chose de vraiment très sérieux. Le succès d’un pays dépend de la conscience des gens dans le fait qu’ils doivent donner à leur pays.
    »

    Catégories : Identité
  • « Du grain à moudre » sur France Culture

    Vous pouvez écouter ci-dessous l’émission Du grain à moudre de France Culture à laquelle je viens de participer, sur le thème « Le débat sur l’identité nationale est-il légitime ? ».

    Partie 1 (durée: 13 mn)

    Partie 2 (durée: 13 mn)

    Partie 3 (durée: 14 mn)

    Ce qui me semble un peu injuste dans certains débats, c’est que lorsque je me retrouve seule face à plusieurs personnes qui s’opposent à ma vision, cela n’est pas toujours pris en compte pour équilibrer le temps de parole en conséquence. Ce qui serait plus juste, c’est que chaque vision dispose en effet d’un temps de parole équivalent. Cet état de fait m’oblige souvent à accélérer mon débit ou à laisser de côté beaucoup d’arguments extrêmement importants.

    Écoutez bien, à la 4ème minute de la partie 3, Patrick Braouezec évoquer des Algériens qui défilent en arborant les drapeaux de l’Algérie après le match Algérie-Égypte. Il dit bien spontanément « des Algériens ». Dans son regard, ils ne sont pas Français, car si tel avait été le cas, il aurait dit « des Français ».

    Dans le livre Français comme les autres ? que j’ai évoqué au cours de l'émission, se trouve un long passage dans lequel les auteurs montrent, chiffres à l'appui, que les Français issus des dernières vagues d'immigration votent majoritairement à gauche, et ce indépendamment de leur statut social, contrairement aux autres citoyens. La gauche ne peut ignorer le résultat de ces études sur le vote des immigrés et de leur descendance…

    Catégories : Revue de presse
  • Les leçons du référendum suisse

    Dimanche dernier, les citoyens helvètes étaient appelés à se prononcer sur l’interdiction d’ériger de nouveaux minarets en Suisse.

    Les derniers sondages publiés avant la votation donnaient un “oui” à 37%. Le gouvernement ainsi que la plupart des partis avaient milité en faveur du “non”, donc en faveur de la poursuite de la construction de minarets.

    En général, les taux de participation aux référendums suisses ne dépassent pas 40%.

    Voici quels ont été les résultat du référendum de ce dimanche :

    • Taux de participation : 55%
    • Réponse : “oui” à 57,5%, donc majorité favorable à l’interdiction.

    Quelles leçons tirer de ce référendum ?

    1. Les instituts de sondage se sont lourdement trompés, à moins que les sondages n’aient été truqués pour influencer le vote des citoyens. Si tel est le cas, nous ne le saurons vraisemblablement jamais. Mais une autre explication pourrait être tout à fait plausible : c’est la dictature de la pensée unique qui aura poussé les citoyens helvètes à s’autocensurer et à mentir aux sondeurs sur leurs intentions de vote.
    2. En Suisse aussi, les « élites » sont, comme partout en Europe, totalement déconnectées de leur peuple, et se trouvent ainsi dans l’incapacité d’en percevoir les sentiments et d’en prévoir les réactions. Souvenons-nous de la réplique de Jacques Chirac à un groupe d’étudiants, lors de la campagne sur le référendum européen : « Je ne vous comprends pas ! »
    3. La Suisse est l’une des très rares démocraties encore vivantes en Europe. Il n’y a, de ce fait, guère de risque que le choix du peuple, donc l’expression de la démocratie, y soit contrarié. Seuls les « verts » suisses ont l’intention de s’engager dans la voie d’une remise en cause.
    4. Les Suisses n’ont pas voté contre la pratique de la prière ni contre la liberté de conscience ou de culte, mais contre un signe religieux qu’ils considèrent comme ostentatoire.
    5. Le peuple helvète aura choisi de ne pas faire confiance à la parole de son Président, qui avait pourtant donné la garantie, avant même la tenue du scrutin, que jamais l’appel à la prière « Allah ô Akbar » ne retentirait sur le sol suisse. En effet, derrière la question du minaret se profilait également celle de l’appel à la prière qui aurait un jour pu retentir plusieurs fois par jour à travers la Suisse, donnant ainsi le sentiment que la Suisse était devenue terre d’Islam.
    6. Au-delà de la question posée, les Suisses ont vraisemblablement aussi utilisé ce vote pour exprimer leur peur d’une religion dont certains pratiquants leur semblent rencontrer de sérieuses difficultés à respecter les codes du bien-vivre ensemble de la société d’accueil. Dans une telle situation, il est stérile de tancer les Suisses et les autres Européens qui se sont rués sur les sondages en ligne pour exprimer le même sentiment. Il serait nettement plus constructif de saisir cette occasion pour travailler sur le fond du problème et rappeler la nécessité du respect par tous, y compris par les autochtones, des principes et valeurs de la société : « Avoir occulté aux migrants et à leurs descendants la réalité du contrat social et moral qui lie l’ensemble des membres de la société française ne pouvait aboutir qu’à leur exclusion. » (extrait d’un entretien que j’avais accordé à l’Observatoire du communautarisme)
    7. En France, les réactions de Noël Mamère et de Daniel Cohn-Bendit démontrent une fois de plus que les Français devraient se méfier de ceux qui se présentent comme portant la question verte : ces derniers apportent bien d’autres idéologies dans leur besace.

    Conclusion : quand la peur s'empare de la foule, il devient extrêmement difficile d’en appeler à la raison. Extrait du Puzzle de l’intégration : « Nous pouvons (mais pour combien de temps encore ?) débroussailler le chemin qui permettra aux immigrés animés par une réelle et sincère volonté de s’intégrer, de rejoindre la communauté nationale. Nous avons la fortune de vivre dans un pays ouvert qui permet le débat d’idées. Alors, place au débat sur l’un des sujets qui engagent véritablement l’avenir de la France. »

    Une seul ligne de conduite doit désormais prévaloir. Pour venir en aide à ceux qui sont animés d’une réelle et sincère volonté de s’intégrer, l’État doit de nouveau assumer ses responsabilités et réaffirmer la réalité des principes républicains. Que signifient-ils concrètement ? Par quels types de comportements et de règles de savoir-vivre se traduisent-ils au quotidien ?

    Il est urgent que l’État tourne le dos à la politique d’« accommodements déraisonnables » et aux politiques qui heurtent l’égalité républicaine. L’affaiblissement par l’État de nos codes et valeurs ne signifie nullement que le peuple français y renonce de son côté. C’est cette ligne de fracture entre le peuple et l’État qui nourrit un malaise de plus en plus palpable dans notre société, et qui pourrait conduire à une bataille de tranchées entre d’une part, les Français qui défendent les principes et valeurs qui structurent l’identité française, et d’autre part les multiculturalistes qui somment le peuple français d’admettre qu’il serait désormais porteur de plusieurs identités. On ne bouscule pas impunément un peuple sur son territoire. Bien sûr, dans la catégorie « Français qui défendent les principes et valeurs qui structurent l’identité française », nous retrouvons également des Français issus des dernières vagues d’immigration.

    Je tiens à rappeller qu’en matière d’intégration, nous sommes en présence d’un contrat entre deux parties : le nouvel entrant et la communauté française. La classe politique pourra bien raconter ce qu’elle veut, si le nouvel entrant n’apparaît pas porteur des valeurs de la République, il ne sera pas adopté, pas reconnu par les Français comme membre de la communauté française. Et n’oublions jamais que ce n’est pas avec la classe politique que les nouveaux entrants sont appelés à vivre, mais avec le peuple français.

    Catégories : Identité