Je remercie Ivan Rioufol pour son invitation dans son émission ainsi que pour sa persévérance à défendre la France dans un moment tragique de son histoire où elle est de nouveau trahie par une partie des siens. Quel sera l’avenir ? Au regard des enjeux et de l’ampleur du défi de la continuité historique de la France, cette question donne tout simplement le vertige. Elle peut paralyser, tétaniser. Aussi, il convient de regarder droit devant soi et de participer, qui que l’on soit et où que l’on soit, au réarmement moral des Français de cœur et d’esprit, qu’ils soient de souche ou d’adoption comme je le suis ainsi que d’autres avec moi.
Au cours de l’émission, pour contredire l’affirmation du Président de la République selon lequel la France a toujours été terre d’immigration (il parle même d’ADN !), j’ai cité l’historienne Marie-Claude Blanc-Chaléard. J’aurais pu y adjoindre les conclusions des travaux de l’historien Daniel Lefeuvre que je cite depuis longtemps, à savoir que sur le flux italien (1870-1940), seul un sur trois a fait souche et que 42 % du flux polonais (1920‑1939) est reparti...
Voici un extrait de mon livre Immigration, intégration : le langage de vérité où j’évoque cette question :
Or, dans les faits, au regard de la longue histoire de la France, à moins de remonter à la sortie de l’Homme de son berceau africain, l’immigration appartient à l’histoire contemporaine, comme le précise très bien l’historienne Marie-Claude Blanc-Chaléard : « Si d’emblée se trouve écartée la référence à la pureté d’un sang gaulois, on ne parlera pas pour autant d’“immigration”. Le terme ne vaut pas non plus pour évoquer les étrangers de la longue période médiévale et moderne : artistes au service des princes (italiens notamment), techniciens habiles à moderniser l’économie nationale, Hollandais venus aménager les marais atlantiques au XVIIe siècle, entrepreneurs et “mécaniciens” anglais guidant, un peu plus tard, les premiers pas de la révolution industrielle. Si leur rôle est alors aussi éminent qu’utile, leur nombre demeure limité. »
Et Marie-Claude Blanc-Chaléard d’enfoncer le clou : « À la fin de l’époque moderne, la France est un monde plein dont la population a augmenté sur place. […] La jeune Italie voit dès les lendemains de l’unité (années 1860-1870) s’évader ses paysans, ceux du Sud vers les Amériques, ceux du Nord vers la France ou l’Espagne centrale. Ces “émigrants” deviennent pour le pays d’accueil des “immigrants”. L’“immigration” est née, organiquement liée à ces mutations contemporaines. »