Je remercie le Figaro de m'avoir sollicitée afin de réagir aux propos du ministre de l'Intérieur concernant la surreprésentation des étrangers dans la délinquance.
Extraits de l'entretien :
“Ayant vécu quinze ans en Algérie, j'ai pu mesurer à quel point la société d'accueil – ici, française – ainsi que les discours de repentance et de mise en accusation récurrente des “Français de souche” ont pu jouer un rôle de premier plan dans le sentiment d'impunité qui a ouvert la voie à bien des dérives.
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Comment expliquer les chiffres spectaculaires avancés par le ministre de l'Intérieur ?
Ils ne m'étonnent guère. Ils résultent des politiques menées ces dernières décennies, et de la dictature ravageuse du « politiquement correct » qui a empêché de déployer les actions qui s'imposaient. Ces chiffres sont très préoccupants car ils révèlent qu'aux yeux de ces délinquants, la France où ils vivent ne mérite aucun respect. C'est cet irrespect qui doit le plus inquiéter la société.
Dans un pays qui fonctionne normalement, voilà longtemps que les frontières auraient cessé d'être des passoires et que toutes les mesures qui s'imposent auraient été mises en œuvre, y compris la refonte du Code de la nationalité telle que je l'ai recommandée lors de mon audition par la mission parlementaire sur le droit de la nationalité. Pour les lecteurs que cela intéresse, j'ai transcrit et intégré le contenu de cette audition dans mon dernier livre. Outre les préconisations, j'y explique par le menu pourquoi et comment certaines décisions politiques parées de bonnes intentions ont participé à faire le lit de la Berezina actuelle.
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De façon plus générale, la France, par rapport aux autres démocraties libérales, disposerait-elle de moins d'outils statistiques pour connaître de façon objective la réalité de la délinquance ? Ou le problème vient-il d'un manque de sérénité du débat public, de son caractère passionnel ?
La question se pose en d'autres termes. Les gouvernants disposaient-ils, oui ou non, d'informations suffisantes pour agir ? La réponse est oui. Au Haut Conseil à l'intégration, dont j'ai été membre, nous disposions de toutes les remontées de terrain utiles et nécessaires. Au demeurant, existent également de nombreux rapports parlementaires qui constituent une mine d'informations. Pour qui veut agir, toutes les données existent.
Bien sûr, l'absence de sérénité du débat public a joué un rôle. Il suffit d'analyser les enquêtes d'opinion à travers le temps pour noter que le peuple était prêt, mais que c'est une partie de la classe politique, des médias et des intellectuels qui ont fait le choix de « pourrir » le débat et de ruiner ainsi sa sérénité nécessaire.
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Puisque aucun pays européen ne semble épargné, cela aurait dû conduire à un ensemble d'actions politiques coordonnées, adaptées à la hauteur des enjeux et défis. Cela a-t-il été fait ? Non.
En France, en trois décennies, ce sont plus de vingt lois qui ont été votées sur ces sujets, avec les résultats misérables qui s'étalent sous nos yeux. Ces lois étaient inadaptées car mal pensées. Trop de temps a été perdu. Il n'est plus temps de palabrer. Il faut agir.”
L'intégralité de ce long entretien est à lire ici.