La proposition du Parti Socialiste au sujet du quotient familial est dans la droite ligne de sa stratégie d’abandon de certaines couches de notre société au profit d’autres, comme l’a d’ailleurs exposé, sans aucun complexe, Terra Nova dans son rapport intitulé « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? »
Il est évident que cette offensive menée contre une politique qui n’a jamais eu pour vocation de jouer un rôle de redistribution entre aisés et moins aisés, mais simplement de venir en aide aux familles qui paient l’impôt sur le revenu et ont des enfants à charge, aura des conséquences sur les catégories de familles qui ont le plus souvent pleinement conscience de l’engagement qui doit être consenti pour la bonne éducation des enfants. À n’en pas douter, cela aura à moyen et long terme terme une incidence sur le taux de natalité de ces mêmes familles. C’est une manière indirecte d’œuvrer à amoindrir leur poids électoral. C’est aussi une manière de contribuer, mine de rien, à la substitution d’une partie de la population française.
Voici la cible électorale du PS selon Terra Nova : « A- les diplômés. B- Les jeunes. C- Les minorités et les quartiers populaires. D- Les femmes. E- Les non-catholiques. F- Les urbains »
Extrait du rapport de Terra Nova : « La coalition historique de la gauche, centrée sur la classe ouvrière, est en déclin. Mais une nouvelle coalition émerge. Elle dessine une nouvelle identité sociologique de la gauche, la France de demain, face à une droite dépositaire de la France traditionnelle. (…) Les analyses comparatives menées dans des zones urbaines sensibles (ZUS) montrent, en 2007, une plus forte propension au vote à gauche dans ces zones (+12 pts au second tour par rapport à l’ensemble des électeurs), en particulier en faveur du Parti socialiste (+8 pts au premier tour), relativement à celle constatée dans les zones pavillonnaires et les centres-villes situés dans leur voisinage. Les scores obtenus par la gauche dans les bureaux de vote les plus populaires sont exceptionnels : plus de 80 % pour Ségolène Royal au second tour de l’élection présidentielle (…) La population des Français issus de l’immigration est en expansion démographique et en mutation identitaire : en 2006, près de 150.000 acquisitions de la nationalité française ont été accordées (cf. tableau ci-dessous), en augmentation de 60 % par rapport à 1995. Dans l’hypothèse d’une continuation à l’identique, ce sont entre 500.000 et 750.000 nouveaux électeurs, naturalisés français entre 2007 et 2012, qui pourront participer au prochain scrutin présidentiel sans avoir pu participer au précédent (…) Au-delà des non-religieux, ce sont aussi tous les non-catholiques, notamment les individus d’“autres religions”, composés à 80 % de musulmans, qui sont plutôt enclins à voter à gauche. Dans ces conditions, la dynamique démographique est très favorable à la gauche : comme le montre le graphique ci-après (…) »
Je vous conseille vivement deux ouvrages qui méritent que vous les lisiez avec grande attention. Ils ont tous deux été publiés par Hervé Algalarrondo, rédacteur en chef adjoint au service politique du Nouvel Observateur :
- Sécurité : La Gauche contre le peuple
« Ce livre, au ton résolument polémique, vise à expliquer comment, sur le terrain des libertés, le PS et le PCF ont peu à peu capitulé devant le parti informel, le parti des Droits de l’homme, qui regroupe tous les enfants de Mai, défroqués ou non. Une trahison aux conséquences électorales explosives ! » - La gauche et la préférence immigrée
« Hervé Algalarrondo étudie ici la déviance de la gauche française qui a fini par délaisser, au nom d’une morale bien-pensante, son premier électorat. Une partie de celui-ci a fini, faute de mieux, par se tourner vers l’extrême de notre pays : le Front National »
Le système des aides aux familles doit être totalement refondé, mais certainement pas comme le Parti Socialiste semble l’entendre. Le système actuel induit de nombreux effets pervers, que je décris dans mon dernier livre, Immigration, intégration : le langage de vérité. En voici un extrait :
« Cette question de la natalité révèle beaucoup du gouffre culturel qui sépare les familles européennes, chez qui la décision d’enfanter est devenue, avec le temps, une décision de couple prise le plus souvent de façon autonome, et les familles de cultures du Sud. Peut-on parler de décision 100 % individuelle lorsque la liberté individuelle n’existe pas ? Le regard du groupe n’exerce-t-il vraiment aucune influence dans cette décision ? Pas si sûr ! Les enfants permettent très souvent de s’assurer le respect du reste du groupe et par là même une reconnaissance au sein du groupe lui-même. (…)
Dans les sociétés développées, l’attention et les moyens dévolus par les parents au projet éducatif de leurs enfants sont considérables, et une part non négligeable du budget familial lui est consacrée. C’est rarement le cas dans les familles de l’immigration, dont le référentiel n’est pas le même. De ce fait, il est nécessaire de sensibiliser les parents de l’immigration à la réalité des exigences de la société française et à l’ambition du projet éducatif. De façon incontournable, un travail devra également être entrepris sur la question de la natalité au sein de ces familles. L’État devra impérativement se pencher sur cette question centrale de la natalité et mettre en place des mesures sociales qui favorisent le renouvellement des générations, mais pas davantage.
La conviction transmise de génération en génération selon laquelle c’est l’ordre divin qui pourvoirait aux besoins des enfants n’est pas toujours étrangère à la décision d’enfanter, même lorsque les conditions pour assurer le bien-être et le bonheur des enfants eux-mêmes ne sont manifestement pas réunies. La famille est-elle vraiment seulement une affaire privée ? Au vu des conséquences de la non-insertion, il est temps que l’État se saisisse de cette question essentielle qui concerne l’avenir de la cohésion sociale (…)
Si l’État était véritablement habité par l’ambition de réduire un peu du gouffre qui sépare les enfants de l’immigration du Sud des autres enfants, alors il devrait en faire la démonstration en révisant les circuits d’aides sociales : il veillerait à ce qu’une partie de ces aides ne passe plus par les familles, mais soit directement versée aux organismes culturels et de suivi scolaire qui s’investiront auprès de ces enfants affectés de monumentales carences. Il faut en effet cibler au plus près le projet éducatif et culturel des enfants afin de les aider à réussir, les aider aussi à briser le cercle infernal de la reproduction de leur propre asservissement. »
Voici quelques exemples des nombreux travaux que je cite dans mon livre :
« Parmi les familles très nombreuses de quatre enfants ou plus, le taux de pauvreté progresse très vite avec le nombre d’enfants, pour dépasser les 20 % avec cinq enfants et approcher les 40 % lorsqu’il y a six enfants. L’on sait moins que parmi les familles pauvres de quatre enfants et plus, près de la moitié est d’origine étrangère non européenne, et, comme le relève aussi le rapport du CERC (2004), “dans près de la moitié de ces ménages aucun adulte n’a d’emploi ; trois chefs de ménage sur quatre sont sans diplôme.” [1] »
« La proportion de jeunes issus de l’immigration atteint 37 % en Île-de-France, 23 % en Alsace, 20 % en Rhône-Alpes.[2] »
« En 2005, les plus fortes concentrations départementales sont donc en Île-de-France avec en tête, la Seine-Saint-Denis (57 %), puis Paris (41 %), le Val-de-Marne (40 %) et le Val-d’Oise (38 %) (…). L’implantation de jeunes d’origine subsaharienne était quasi inexistante à la fin des années 1960 (toujours moins d’un demi-point de pourcentage). Elle a beaucoup augmenté, particulièrement en Seine-Saint-Denis où plus d’un jeune sur six en est originaire en 2005.[3] »
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[1] Michel Godet, Évelyne Sullerot, La Famille : affaire privée et publique, La Documentation française, 2007. ↩
[2] Bernard Aubry, Michèle Tribalat, « Les jeunes d'origine étrangère », revue Commentaire, juin 2009. ↩
[3] Michèle Tribalat, Les Yeux grands fermés. L'immigration en France, Denoël, 2010. ↩