Samedi, l’équipe de France de football a battu l’Irlande. Les reportages ont montré que, sur place, les Irlandais faisaient la fête avec les Français, d’une part pour rendre hommage aux sportifs vainqueurs, et d’autre part pour partager le bonheur des Français. Signalons également que des Irlandais avaient accroché des drapeaux français à leurs fenêtres pour souhaiter la bienvenue à l’équipe de France et aux supporteurs français qui avaient effectué le déplacement.
En octobre dernier, l’équipe d’Algérie battait le Rwanda ; la ville de Marseille écopait d’« incidents » en guise de cadeau. « Incident », c’est le terme consacré, en langage politiquement correct.
Samedi dernier, l’équipe de football d’Algérie a été battue par l’Égypte ; sitôt sifflée la fin du match, plusieurs villes de France étaient le théâtre de sérieux incidents.
Lu dans Le Monde : « Plusieurs devantures de magasins, dont la façade de la bibliothèque de l’Alcazar, ont été endommagés et des abris bus brisés. Six bateaux ancrés sur le plan d’eau du Vieux-port ont par ailleurs été fortement dégradés. Un fumigène lancé sur l’un des bateaux est à l’origine de l’incendie qui s’est propagé aux autres embarcations, dont deux ont coulé. »
En résumé :
Si l’Algérie gagne, la France se trouve violentée ;
Si L’Algérie perd, la France se trouve violentée.
De nombreux responsables politiques, toutes tendances confondues, refusent de participer au débat en cours sur l’identité française, au prétexte que ce sujet, qui est pourtant celui des règles du bien-vivre ensemble qui découlent de cette même identité, a été mis sur la table par Éric Besson ou par Nicolas Sarkozy. Il est reproché à ce dernier une approche un peu trop rude des thèmes qui gravitent autour de l’immigration-intégration. Cela est vrai, et c’est contre-productif ; mais est-ce une raison suffisante pour boycotter un débat considéré comme très important par les Français eux-mêmes ?
Il est reproché par ailleurs à Éric Besson de diriger un ministère qui accole dans son intitulé les termes d’immigration et d’identité. Est-ce une raison suffisante pour refuser une réflexion profonde sur la société que nous voulons pour nos enfants ? Car bien sûr, la question de l’identité porte en son sein celle de la France que nous souhaitons léguer à nos enfants et petits-enfants : quel projet de société, assis sur quels principes et quelles valeurs ? C’est cette question qui taraude les Français, et même qui les effraie.
Le plus souvent, le refus de participer à ce débat national sur notre projet collectif masque un manque flagrant de courage, ou bien un désir de se voiler la face qui conduit à nier la réalité. Dans les deux cas, est-ce une attitude compatible avec la responsabilité de gérer le destin du peuple français ? Il ne tenait en effet qu’à ces personnalités de saisir la balle au bond et de montrer aux Français de quelle manière elles entendaient faire sortir la France du bourbier dans lequelle elle se trouve. Cette attitude ne rend service à personne, et surtout pas aux enfants issus de l’immigration. Je dirais même qu’elle les dessert fortement.
Oui, la France se trouve à présent engluée dans un véritable bourbier, et il est plus qu’urgent de mettre en œuvre l’ensemble des actions qui permettront de réduire drastiquement le taux d’échec scolaire des enfants issus de l’immigration, ainsi que leur taux de participation à des « incidents » ; et de réduire aussi le flux de nouveaux entrants, qui accroît les difficultés. Comme je l’explique dans Le puzzle de l’intégration, ce flux compromet, chaque jour un peu plus, toute chance d’insertion des populations issues de l’immigration qui sont déjà sur le sol français. Dans ce contexte, la promesse qui aurait été faite (en off), d’une possibilité de libre circulation des personnes dans le cadre du projet d’Union Pour la Méditerranée, est un pur délire !
Une remarque pour terminer : si ce débat sur l’identité nationale se révélait être, pour le coup, un prétexte pour permettre à des hautes personnalités de venir ensuite demander au peuple français de prendre acte du fait que la France serait devenue multiculturelle (plusieurs Frances), et qu’il conviendrait d’accepter que chacune des cultures participe à la définition de notre projet collectif, alors il faudra redouter les conséquences d’une telle injonction. Il est en effet à craindre que dans un tel cas de figure, la passion manifestée par les Français pour ce débat sur leur identité ne se transforme, tôt ou tard, en bien autre chose. J’espère vivement que nos hommes politiques en ont pleine conscience !