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Une des multiples pièces du puzzle de l’intégration

Le journal le Monde : « L’Afrique reçoit des sommes considérables des migrants partis travailler sur d’autres continents, mais le manque d’information, de concurrence et de régulation empêche cet argent d’agir pleinement sur le développement. C’est ce que révèle un rapport de l’International Fund for Agricultural Development (IFAD), publié jeudi 22 octobre à l’occasion d’un forum sur les transferts de fonds organisé à Tunis par cette agence de l’ONU, pour mobiliser banques centrales et gouvernements sur la question.

La première surprise de ce rapport tient en un chiffre : d’après l’IFAD, 40 milliards de dollars (26,7 milliards d’euros) sont envoyés chaque année à leurs proches par les émigrés africains. Ce montant était jusqu’alors inconnu, mais il était estimé entre trois et quatre fois moindre. »

Extraits du Puzzle de l’intégration :

« Impact du maintien d’un lien étroit avec le pays d’origine

Il est une autre difficulté que rencontrent les enfants de l’immigration et qui a un retentissement sur leur développement et sur leur avenir, c’est le maintien d’un lien très étroit avec le pays d’origine. Ce maintien a des répercussions considérables sur la nature du lien que ces enfants tissent avec leur pays d’accueil. Il a aussi un impact direct sur le budget que leur famille va consentir à leur consacrer au long de leur parcours scolaire.

Les arbitrages d’allocations de ressources financières de nombreuses familles de l’immigration récente sont souvent loin de prendre en considération les besoins minimaux que requiert l’éducation d’un enfant, lorsqu’il est destiné à évoluer dans notre société. Il y a deux raisons à cela : d’une part, les différences profondes qui existent entre la culture française et celle d’une majorité des migrants récents, et d’autre part, la volonté des adultes de consacrer l’argent qu’ils épargnent à d’autres postes de dépenses, et notamment au maintien d’un lien prégnant avec leur pays d’origine.

Les différences culturelles conduisent, dans la plupart des cas, à des appréciations différentes quant à la part de son budget qu’une famille doit accepter de consacrer à son enfant, pour lui assurer des conditions d’évolution satisfaisantes au regard de son référentiel. Par conséquent, le schéma d’affectation des ressources financières de la cellule familiale n’intègrera pas forcément les charges inhérentes à l’éducation intellectuelle, culturelle ou artistique des enfants, lorsque ces domaines ne font pas partie du référentiel culturel. C’est pourtant autour de ces activités connexes à l’école que se creusera le plus grand fossé entre les enfants qui en auront bénéficié tout au long de leur enfance, et les autres. Ces activités sont capitales pour le bon développement d’un enfant au sein d’une société ambitieuse, car elles permettent à l’enfant d’acquérir bon nombre des dispositions affectives et intellectuelles qui favorisent la réussite. Dans de nombreuses familles de l’immigration récente, un enfant sera considéré comme disposant de conditions d’évolution satisfaisantes s’il est simplement nourri et habillé. De plus, provenant de pays où elles ont connu le manque, ces familles possèdent une très grande sensibilité aux finances, et en consacrer à leurs enfants n’est souvent pas considéré comme un investissement, mais comme une dépense.

Très peu de familles de l’immigration emmènent leurs enfants dans les musées, dans les manifestations scientifiques, sur les sentiers botaniques, au concert, à la rencontre de l’Histoire du pays d’accueil au travers des livres ou en visitant ses villes et villages … Ce n’est donc pas un hasard si la majorité de ces enfants ne développent pas les dispositions nécessaires à leur insertion dans la société d’accueil. Car contrairement aux enfants de culture européenne auxquels leurs espace familial transmet des éléments de l’héritage de leur pays, les enfants de l’immigration ne peuvent compter que sur l’école ou sur les activités périscolaires pour se sensibiliser. Offrir aux enfants l’accès à cette culture, c’est aussi les prédisposer au goût de la variété intellectuelle, et surtout à l’ouverture d’esprit à tous les possibles. Ce sont ces dispositions qui vont façonner en grande partie la curiosité intellectuelle qui habitera plus tard l’élève et l’aidera à persévérer dans l’acquisition des savoirs.

L’exiguïté des logements des familles de l’immigration, qui sont, pour beaucoup, des familles nombreuses, pose également des problèmes majeurs à leurs enfants. Ces derniers ne disposent pas d’espace adéquat pour faire leurs devoirs, préparer leurs examens scolaires ou pour se reposer au calme en vue de se ressourcer pour la journée suivante. Il est vain de croire qu’un logement plus grand aurait résolu les difficultés de ces enfants. Ne possédant pas le même référentiel que les familles issues de pays développés, leurs familles n’ont pas la même conscience du taux de natalité optimal au regard de l’objectif d’accompagner le mieux possible l’ensemble de ses enfants. Aussi ces enfants cumulent-ils toutes les difficultés : familles nombreuses, moyens matériels insuffisants à répartir entre une fratrie conséquente, carences affectives dues au modèle éducatif, parents dotés de niveau d’instruction le plus souvent insuffisants pour guider leurs enfants. De plus, au lieu de laisser l’école guider leurs enfants, ils tirent, comme je l’avais déjà précisé, ces derniers par le maillot pour les empêcher d’adhérer au projet de l’école…

Ces familles se privent, par ailleurs, et privent chaque jour leurs enfants, en vue d’épargner tout ce qu’elles peuvent pour l’investir dans leur pays d’origine. Ces sommes constituent autant d’argent qui ne sera pas consacré aux besoins de leurs enfants scolarisés en France. En 2005, les transferts de fonds (officiels) de France vers les pays d’origine se sont montés à environ 8 milliards d’euros. Certes, une partie de ce montant est le fait de migrants qui n’ont pas d’enfants sur le territoire français, mais ils ne constituent pas la majorité. Il est vrai, comme le rappelle chaque année l’Organisation des Nations Unies, que cet argent frais est une aubaine pour les pays sous-développés. Cependant, c’est autant d’argent qui est enlevé aux enfants de l’immigration. À ce chiffre officiel, il faut ajouter toutes les valeurs qui transitent sous d’autres formes, voitures, électroménager, vêtements, etc, qui sont revendues dans les pays d’origine et dont le produit demeure dans ces pays.

[…]

Pour améliorer les chances des enfants de l’immigration, une prise de conscience est nécessaire quant au montant des moyens qui leur sont réellement consacrés. Elle doit nous amener à réaliser que si ces enfants sont voués à inscrire leur existence sur le sol français, une partie des aides publiques qui sont censées leur être destinées devront être versées directement par l’État à des domaines d’éducation bien identifiés et pouvant les aider dans leur évolution scolaire et sociale. Autant l’attribution de bourses d’études directement versées aux étudiants dans l’enseignement supérieur revêt une grande importance, autant les versements effectués aux familles n’ont pas tous un sens, car ils n’atteignent que très rarement leur destination. L’État investit à fonds perdus, car l’argent reçu par ces familles ne sera la plupart du temps pas affecté à satisfaire les besoins éducatifs de leurs enfants appelés à évoluer dans la société française, avec ce que cela comporte comme exigences. Si nous souhaitons réduire les fractures qui existent entre enfants de l’immigration et enfants des familles françaises, il sera nécessaire de repenser les circuits de ces aides.

Les Français doivent également savoir qu’au-delà du tableau rose dépeint par les rapports des organisations internationales, se cache une autre vérité. Le comportement des populations d’origine immigrée contribue à appauvrir et frustrer leurs compatriotes restés vivre au pays. Comme je l’ai déjà dit, la capacité économique d’un foyer se juge en relatif, et non dans l’absolu. Une somme qui peut sembler modique dans un pays développé paraîtra coquette dans un pays sous-développé. L’argent transféré ou récolté grâce à la vente de produits manufacturés permet aussi aux familles de l’immigration d’acheter des biens immobiliers sur les côtes et dans les terres de leurs pays d’origine. Ce phénomène est propre aux pays du Maghreb et d’Afrique noire. Ces achats sont si massifs qu’ils ont provoqué au Maghreb une flambée des prix de l’immobilier, qui prive définitivement d’innombrables familles de ces pays de l’espoir de réussir un jour à se loger décemment. Cette triste réalité est rarement évoquée dans nos médias, mais le journal le Monde lui a consacré un petit article à l’occasion du Salon de l’Immobilier Marocain qui s’est tenu fin mai 2006 en Seine-Saint-Denis.

L’argent transféré dans les pays d’origine ne se retrouve, d’autre part, que très rarement investi dans l’économie locale pour y participer à l’émergence ou à l’essor d’activités industrielles ou agricoles. Les conditions n’y sont souvent pas considérées comme propices, et les investisseurs ne s’y sentent pas protégés. Il y est donc très souvent utilisé par les adultes résidant durant l’année en France, pour se ménager la possibilité de maintenir un lien régulier avec leur pays d’origine au moyen de résidences secondaires, ou tout au moins de vacances à intervalles réguliers. Ce besoin culturel et affectif est profond. Il est, bien entendu, naturel de rester attaché à ce qui demeure son vrai pays, mais les conséquences de cette souffrance du déracinement portent un énorme préjudice aux enfants de ces familles, lorsqu’ils sont voués à inscrire leur vie dans la société d’accueil.

L’énergie développée pour maintenir un contact très étroit avec le pays d’origine a des conséquences désastreuses sur l’insertion et l’intégration des enfants de l’immigration. Cette volonté des migrants de maintenir une double vie perturbe leurs enfants, qui ne savent plus s’ils doivent s’inscrire dans un projet de citoyen du pays d’accueil ou de citoyen du pays de leurs ancêtres. Ils finissent d’ailleurs souvent par adopter un projet boiteux, qui les conduit à ne plus se sentir tout à fait du pays de leurs ancêtres, et encore moins du pays d’accueil. Quand ils parlent, en Europe ou au Canada, de leurs pays d’origine, ces enfants parlent souvent de sociétés qu’ils ne connaissent pas véritablement, mais qu’ils aiment magnifier. Par contre, lorsqu’ils y partent en vacances, ils y adoptent un comportement méprisant envers les autochtones. Ils se pensent et se vivent comme étant supérieurs dans la mesure où, résidant dans des pays développés, ils disposent d’un bien meilleur niveau économique. Ce comportement méprisant est très mal vécu par les locaux.

Nous sommes ici dans une optique de construction d’une double vie, et non pas dans une logique d’amélioration d’un niveau socio-économique considéré comme insatisfaisant. Un projet d’une telle ampleur, même planifié sur une vie entière, ne saurait être mené sans sacrifices conséquents. C’est d’ailleurs le cas, et ces sacrifices pèsent sur la vie quotidienne de toute la famille. Les premiers à en pâtir sont les enfants, car tout ce qui n’est pas perçu comme indispensable dans l’instant, est tout bonnement sacrifié. L’école ne saura jamais combler, à elle seule, toutes les lacunes sous-jacentes. Continuer à vouloir ignorer cette réalité, c’est condamner les enfants de l’immigration à l’échec.

Un effort pédagogique doit être entrepris en direction des parents de l’immigration pour leur permettre de prendre connaissance des besoins de leurs enfants, dans le cadre d’une vie inscrite dans un pays développé. Un choix s’impose, et il ne sera pas le même suivant que ces parents inscrivent leurs enfants dans un projet d’avenir sur le territoire français ou dans leur pays d’origine. Les exigences qui pèseront sur les enfants ne seront en effet pas les mêmes. Si l’on souhaite inscrire ses enfants sur le territoire d’un pays développé, l’engagement doit être tel, qu’il n’instaure pas de handicap par rapport aux autres enfants de ce pays.

La France, qui dépense des sommes vertigineuses, par le biais de la prise en charge sociale et des ZEP, ZFU, Plan de Rénovation Urbaine, etc, dans le seul but de permettre aux enfants de l’immigration de gommer une partie du gouffre éducatif qui les sépare des enfants des Français de souche, n’a-t-elle aucun moyen d’alerter leurs parents sur cette question essentielle ? Non seulement nous n’en prenons pas la voie, mais des facilités fiscales ont été nouvellement instaurées pour inciter ces familles à transférer encore plus d’épargne vers leur pays d’origine, grâce à la loi relative à l’immigration et l’intégration, dite “loi Sarkozy” et votée au printemps 2006. Il faut savoir rester cohérents. Lorsque l’on considère que l’échec scolaire ou professionnel peut conduire des jeunes à dévier de la norme sociale, il faut alors veiller à ce que ces mêmes jeunes ne soient pas privés des moyens qui devraient leur revenir, jusqu’à ce qu’ils trouvent leurs voies de réussite d’insertion sociale.

Ma critique ne vise pas l’aide publique au développement, directement versée par l’État Français aux pays en voie de développent et qui s’est élevée à 8,2 milliards d’euros en 2005. Elle concerne uniquement l’attention qui est accordée au projet éducatif de leurs enfants, par les familles de l’immigration. »

Catégories : Insertion - intégration

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