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La France a besoin de lucidité et de cohérence !

Cher Bernard, vous me demandez ce que je pense de l’article de Seybah Dagoma paru dans Libération du 17 février, et surtout si ce qu’elle avance ne viendrait pas contredire les propos tenus par Jacqueline Costa-Lascoux.

Voici ma réponse : il m'est toujours insupportable de voir les « notables » s’étonner que des groupes qui renvoient au reste de la population une image négative et qui fait peur, ne soient pas invités autant que les autres à des entretiens d’embauche. J’en ai longuement parlé dans mon ouvrage, c’est sur l’amélioration de l’image qu’il est urgent de travailler. Cela ne s’obtiendra pas avec la fabrication d'icônes gouvernementales ou audiovisuelles (Dati, Yade, Amara,  Roselmack…) ; non, ça n’est là que de la diversion, et démontre le refus de reconnaître la réalité du problème de l’insertion et de l’intégration dans notre société. Travailler sur l’amélioration de l’image, c’est enseigner aux enfants issus de l’immigration et à leurs familles (ces parents que l’on oublie toujours, on se demande bien pourquoi), que l’on ne peut bafouer les principes qui régissent la société française sans courir le risque d’en payer le coût et d’en subir tôt ou tard les conséquences. Il faut également rappeler certaines vérités, à savoir que l’ascenseur social n’a jamais existé dans notre pays, et que la réussite y est un long parcours jalonné d’obstacles. Les familles françaises de souche européenne savent bien tout cela. J’ai eu à travailler dans le monde des hautes technologies, où seule primait la compétence, et où les considérations misérabilistes liées à la diversité ne venaient pas polluer les équipes. Vous y étiez recruté sur la base de vos capacités techniques, mais aussi de votre faculté d’adaptation et d’insertion dans le groupe déjà existant…

En ce qui concerne l’intégration, la question des moyens est absolument epsilonesque, c’est-à-dire négligeable. Les « spécialistes » d’une prétendue diversité qui ont passé leur temps à exiger de la France davantage de moyens, ont participé à ruiner notre pays et à le mener au bord du gouffre. L’économiste Jean-Paul Fitoussi, Président de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques, a dit, lors d’une émission du journaliste Benoît Duquesne[1] qui avait pour invité Jean-Louis Borloo, qu’une part substantielle de la dette française accumulée ces trente dernières années étaient imputables au poste « banlieues ».

Dans la crise économique et financière qui secoue le monde, la France n’a strictement aucune chance de s’en sortir si elle ne se fixe pas comme objectif de mener le plus grand nombre de ses enfants vers l’excellence en vue de créer les produits de demain. Nous devons d’urgence renouer avec le modèle républicain qui prône la reconnaissance du seul mérite et de l’effort individuel et collectif. Comment espérer qu’un enfant puisse réussir de manière réelle, et non factice, si notre société réduit sans cesse son niveau d’exigence, et si notre classe politique détourne l’attention de l’opinion avec des mauvaises solutions qui couleront à terme le navire France ? À ce titre, le commissariat de Yazig Sabeg institué par Nicolas Sarkozy doit être supprimé. Si vous souhaitez un avis direct sur cette question, je vous dirai sans détour que Nicolas Sarkozy a trahi les Français qui ont voté pour lui. Il s’est fait élire sur la base de promesses liées au respect de ce qui fonde l’identité du peuple français et n’a eu de cesse, depuis lors, de mettre en œuvre des mesures qui sont de véritables bombes à retardement. J’en sais quelque chose, puisque je passe une grande partie de mon temps à motiver des députés et des sénateurs pour faire tomber des articles de textes de loi qui sont dangereux pour le maintien de la cohésion nationale. Dernier en date, la tentative d’introduction de la discrimination ethnique et raciale dans la loi sur l’audiovisuel.

À présent, réponse à ceux qui m’écrivent régulièrement pour me dire leur détresse de ne pouvoir s’exprimer, alors que je le peux moi-même, selon eux, uniquement en raison de mon ascendance biologique : oui, cela est vrai, vous avez perdu votre liberté, et en êtes entièrement responsables ! Mais il ne nous faut pas nous arrêter à ce constat. La liberté, c’est véritablement le joyau à reconquérir, et c’est de manière démocratique que nous devons y parvenir, car il faut nous attacher à ce qu’aucun mal supplémentaire ne soit infligé à notre pays. Cela ne vous rassurera pas, mais moi aussi je lutte sans cesse contre la censure, contre le pillage de mes idées que l’on attribue à d’autres (voir le rapport de la commission Veil, publié sur le site de la Documentation Française, qui attribue à Fadela Amara mes propos sur le maintien de la cohésion de la Nation et qui n'a, à ce jour, toujours pas incorporé le contenu de mon audition). Je suis exploitée sans véritable marque de reconnaissance, puisque l’on s’applique à faire en sorte que mes idées ne soient pas rendues accessibles au plus grand nombre. Les journalistes ouvrent largement leurs micros et leurs colonnes aux communautaristes, tandis que les défenseurs de notre modèle de société peinent à faire entendre leur voix. Certains jours, il m’est arrivé de vouloir baisser les bras, trop bouleversée par les souffrances infligées à la France sous les yeux de ses enfants bâillonnés. Puis je me ressaisis, et me dis que je n’ai pas le droit de me taire à mon tour. Alors je veux que dans votre désarroi, vous vous souveniez que nous partageons le même amour de la France, et que j’ai besoin de votre aide et de votre soutien pour continuer à avancer vers notre objectif commun : réhabiliter le respect de notre projet collectif de société.

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[1] France 2, Complément d'enquête, « Banlieues : le feu est-il éteint ? », émission du 13 mars 2007.

Catégories : Politique

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