Les élections sont arrivées, la droite est en difficulté, et comme par enchantement revoilà le sujet de l’immigration-insertion-intégration, qui tente de se rappeler au bon souvenir des électeurs. Christian Estrosi évoque le code de la nationalité ; Nicolas Sarkozy s’invite à Toulon pour évoquer l’immigration et l’intégration. Ne manquent plus à ce tableau que les images de voitures brûlées aux journaux de 20h. Combien d’élections à raviver les tensions, à exacerber les passions, à stigmatiser, à créer de la souffrance parmi les Français issus de l’immigration, mais aussi parmi les Français de souche ? Combien d’élections à tenter de vendanger « les raisins de la colère » ?
Depuis trente ans, un sujet essentiel pour l’avenir de la France est exploité lors des échéances électorales dans le seul but – inutile de jouer les innocents – d’influencer le vote d’électeurs effrayés. Et ensuite ? Ensuite, rien : électroencéphalogramme plat. Au lendemain de chaque élection, notre pays retourne à ces problèmes qui enflent, enflent et qui, sans sursaut rapide, finiront un jour par faire sortir le fleuve France de son lit. Au vu des défis considérables que la France doit à présent affronter et relever, tous nos partis politiques, sans faire de jaloux, méritent un carton rouge. Bien sûr, quelques voix politiques s’élèvent parfois çà et là pour tenter de délivrer un message cohérent ; mais elles sont encore bien trop isolées, et leur message n’est pas toujours aisé à déchiffrer par une population que certains discours faciles d’accès, aux accents un peu trop populistes, ont rendue quelque peu paresseuse.
Ce qui me préoccupe le plus, c’est le cancer de l’ignorance qui semble ronger notre classe politique, entre les mains de laquelle réside pourtant le destin de la France. Ignorance insupportable et incompréhensible de la réalité des causes profondes de l’échec de l’intégration. Ignorance qui a divisé la France en bourreaux et victimes ; ignorance qui a poussé notre système éducatif dans un coma profond, dont les enfants issus de l’immigration paient aujourd’hui le plus lourd tribut, et la France aussi par conséquent ; ignorance qui pousse Valérie Pécresse à s’employer à aggraver la situation, en introduisant la discrimination positive dans l’enseignement supérieur (commission Wieviorka) ; ignorance qui pousse à l’importation de modèles de société qui ont pourtant échoué (comme l’« accommodement raisonnable » canadien, ou la segmentation du corps social par des politiques préférentielles comme aux États-Unis ou en Inde) ; ignorance de la souffrance de nombreux enfants issus de l’immigration, otages d’une dissonance identitaire ; ignorance qui pousse la France sur un chemin qui lui sera fatal, celui de l’inscription de la « diversité » dans le préambule de sa Constitution. Je vous renvoie à la lecture du Puzzle de l’intégration pour saisir la relation de cause à effet.
Aujourd’hui, le dernier témoin de la Grande Guerre nous a quittés. C’est l’occasion pour le peuple français de regarder, mais aussi d’analyser son passé, et de se rappeler que ni la paix, ni la liberté ne sont jamais acquises pour l’éternité, et que pour cette raison elles doivent faire l’objet d’une vigilance et d’un esprit de responsabilité chaque jour renouvelés.
Loin de leur venir en aide, ceux qui utilisent le sujet de l’immigration-insertion-intégration comme épouvantail desservent les Français dans leur ensemble. Ils empêchent en effet l’installation du climat apaisé et serein qui aiderait au traitement sage d’un sujet très sensible, car porteur de grande souffrance.